Luisa
Prudentino nous a présenté ce samedi, dans l’auditorium de la Maison de la
Région, la longue marche du cinéma chinois. Comme son titre l’indique, cette
conférence était une introduction historique au cinéma chinois en Chine
continentale (Hong Kong et Taiwan occupant une place très importante dans le
cinéma de culture chinoise). Mais, et c’est ce qui faisait tout l’intérêt de
son intervention, Luisa Prudentino ne s’est pas contentée de dresser un exposé
événementiel. A chaque étape importante elle posait les questions dont les
réponses permettaient de cerner les spécificités du cinéma chinois.
Le
cinéma est né en 1895 avec le film La
sortie des usines Lumière. Ce film fut rapidement projeté en Chine et
seulement dix ans plus tard sortait le premier film chinois : La Montagne Dingjun. Pourquoi cette
affinité entre la culture chinoise et le cinéma ? Sans doute en raison de
la proximité trouvée par les Chinois entre cet art et l’opéra et aussi avec le
théâtre d’ombres, d’où son nom : 电影 (.diàn yǐng :
ombre électrique) Ce rapport étroit va influencer le contenu et le style du
cinéma chinois. On trouve ici une idée importante sur laquelle la conférencière
reviendra à plusieurs reprises : il n’y a pas de contradiction entre la
modernité et le respect de la tradition.
Ainsi
La Rose de Pushui (1927) est l’adaptation d’une célèbre pièce de
théâtre qui servit de trame à de nombreux opéras. Respect de la tradition donc
mais le film contient aussi un message moderne : « Il faut en finir
avec les mariages arrangés ». Le cinéma chinois emprunte à l’opéra mais
aussi à d’autres formes d’art autochtones. En 1928 sort L’Incendie du monastère du Lotus rouge, le premier film d’arts martiaux. La Chine a donc su assimiler cet art
nouveau venu de l’étranger qu’est le cinéma en le conjuguant avec ses formes
d’art traditionnelles que sont l’opéra et les arts martiaux.
Affiche du film La Rose de Pushui, entre tradition et modernité
On
retrouve cette proximité entre l’opéra et le cinéma même pendant les heures
sombres de la Révolution Culturelle. Lorsque Jiang Qing, l’épouse de Mao, veut
réformer le cinéma et le soumettre à l’idéologie, elle commanditera des films
qui empruntent la forme de l’opéra mais en vident le contenu pour les
transformer en produit de propagande. Luisa Prudentino introduit ici une remarque réconfortante. Jiang Qing aurait
voulu asservir l’art à l’idéologie. Mais si l’on fait abstraction du contenu
idéologique, ces « opéras modèles » sont souvent une réussite sur le
plan esthétique. L’art a donc fini par triompher même pendant la révolution culturelle ce qui explique qu’un cinéma d’auteur ait pu
réapparaitre dés le début des années 80.
Qu’en
est-il aujourd’hui du cinéma chinois ? Un essor sans précédent avec un
chiffre d’affaires de dix mille milliards de yuans dont la moitié issue de la
production domestique. Cependant
le cinéma d’auteur a un peu de mal à trouver une place, pris entre une censure
toujours présente et le goût du public pour un cinéma de divertissement.
Voici
très rapidement résumé un exposé très riche et très clair accompagné de
nombreux extraits de films souvent émouvants. Ainsi celui où l’on voit Ruan
Lingyu jouer le rôle d’une femme qui se prostitue pour échapper à la misère.
Ruan Lingyu, La divine
Center stage (1992) , Maggie Cheung interprète le personnage de Ruan Lingyu
Cette
conférence donne envie d’en savoir plus et de voir les films mentionnés. Luisa
Prudentino nous a dit pouvoir traiter encore de nombreux sujets concernant le
cinéma chinois. Souhaitons qu’elle puisse revenir. Un
grand merci à elle pour cette conférence passionnante. Un grand merci à
Françoise pour l’avoir organisée.
Jean-Louis
6 commentaires:
Merci pour ce magnifique récit qui retrace bien la conférence d'hier qui nous a ouvert des portes vers le cinéma chinois si multiforme.
Amicalement
Anne de BOUC et du Monde
Un compte rendu - comme d'habitude - très bien fait pour une conférence de grande qualité, claire, riche et très documentée. Merci à notre conférencière!
Désolée d'avoir du priver certains de plus d'échanges mais le train n'attend pas.
Lors de notre trajet vers la gare, Luisa m'a fait part de sa satisfaction face à un public aussi attentif et passionné, elle est donc tout à fait d'accord pour revenir et rester le soir pour que nous ayons du temps pour plus d'échanges.
Cette expérience - qui a été difficile à organiser - est suffisamment positive pour nous convaincre que des événements de cette qualité sont nécessaires pour nous réunir autour de notre passion commune, il faudra donc réfléchir à ses modalités et mieux communiquer car nous aurions pu être plus nombreux.
A bientôt...
J'ai voulu faire trop de choses à Marseille et je suis arrivé en retard. J'en ai suffisamment entendu pour retrouver l'envie d'aller voir des films chinois. Marseille est chaque année un peu plus loin de Pertuis. C'est ainsi!
Bien amicalement à tous!
Jean Pierre de Pertuis et de la planète
merci Jean-Louis pour ce commentaire qui relate fidèlement la conférence de samedi sur le cinéma. Les extraits de films permettent de nous plonger à nouveau dans ce cinéma chinois si riche. Bien sûr une autre visite de cette conférencière serait super ! merci Françoise de nous avoir permis cet échange.
Amicalement
j'ai juste oublié de signer mon message !! étourderie quand tu nous tiens...
CLAUDE
Nice share
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