La salle de conférence de l’Alcazar était
pleine ce soir pour accueillir Joël Bellassen venu nous parler de la cuisine chinoise.
Un dicton chinois cite les quatre éléments nécessaires à la vie d'une personne. Ce sont les vêtements, un logement, les transports et la cuisine. Or, en Chine, seule la cuisine a échappé à l'uniformisation découlant de la mondialisation.
Qu’est
ce qui caractérise cette cuisine ? Quels sont les critères qui font que la cuisine chinoise est l'une des rares cuisines du monde (le conférencier les estime à deux peut-être trois) à être à la fois un art et un système ?
D’abord son extrême variété. Variété géographique, variété classificatoire avec notamment une cuisine végétarienne dite "cuisine des temples" dont l’originalité tient à ce que c’est une cuisine du semblant. On vous présentera, par exemple, un plat que l’on appellera « canard » où l’on retrouvera l’aspect et la consistance du canard et qui sera pourtant entièrement végétarien.
D’abord son extrême variété. Variété géographique, variété classificatoire avec notamment une cuisine végétarienne dite "cuisine des temples" dont l’originalité tient à ce que c’est une cuisine du semblant. On vous présentera, par exemple, un plat que l’on appellera « canard » où l’on retrouvera l’aspect et la consistance du canard et qui sera pourtant entièrement végétarien.
Quelques
chiffres illustrent cette variété : plus de 10 000 recettes, 28 modes
de cuisson fondamentaux, 109 modes de cuisson secondaires, 18 modes de
découpage. Le nombre de plats que l’on retrouve sur la table montre également
cette variété. Pourquoi la cuisine française, pourtant très riche, ne connait
pas une pareille variété ? Sans doute parce qu’en Chine les plats sont
présentés globalement et servis chacun en petite quantité alors qu’en France les
plats sont présentés selon un ordre linéaire et séquentiel avec une entrée, un
plat principal et un dessert.
La
cuisine chinoise est ensuite le reflet d’une société et
de son mode de pensée.
Un
des principes fondamentaux de la pensée chinoise c’est le respect de l’équilibre
dans les composants de toute chose. En cuisine cela voudra dire équilibre des
saveurs, des couleurs, des consistances. Ainsi certains ingrédients seront
présents non pas pour leur saveur mais pour faire en sorte que l’équilibre
entre les différentes consistances des aliments soient respectées. Pour bien
comprendre la spécificité de la cuisine chinoise et en quoi elle est le reflet d’un mode de pensée le
mieux est de la comparer à la cuisine française. En France un grand chef est
celui qui fait preuve d’inventivité, de créativité. Cette notion de grand chef n’existe
pas en Chine. Mais disons qu’un bon cuisinier chinois est celui qui maitrise l’art
du découpage et l’art du huohou. Qu’est ce le huohou ? C’est la durée de
la cuisson, la hauteur et la couleur de la flamme …Un autre exemple des
différences entre cuisine chinoise et cuisine française tient au comportement plus
ou moins individualiste du gastronome. En France le consommateur pourra
demander une viande plus ou moins cuite. C’est inimaginable en Chine. En France
on mangera ses plats individuellement, on les partagera en Chine. En France l’alcool
à une fonction gastronomique, on le déguste seul. En Chine il a une fonction rituelle. Il sert essentiellement à porter
des toasts. La cuisine chinoise a également un aspect médical, thérapeutique assez étranger à la cuisine française.
Voici
un très bref compte rendu d’une conférence exceptionnellement riche. Pour le compléter n'hésitez pas à poster des commentaires.. De
nombreuses anecdotes reflétant l'expérience vécue éclairaient l’exposé. Je n'en citerai qu'une. Sur le vol Paris/Pékin notre conférencier était assis à côté d'un passager chinois. Celui-ci commanda un plateau repas français composé d'une entrée, d'un plat principal et d'un dessert. Le passager chinois au lieu de manger dans l'ordre français goûta un peu du plat principal, puis du dessert, puis de l'entrée puis revint au plat principal ...etc. Il avait sinisé le repas français.
Pour employer une expression culinaire cette conférence fut un véritable régal et j'emploie ce terme à dessein car ce qui dominait en écoutant Joël Bellassen, c'était autant le sentiment de nourrir nos connaissances que le plaisir de goûter à un exposé clair. Cette notion de plaisir qui nous semble si évidente et si importante quand on déguste un bon plat, elle n'est pas partagée par toutes les cultures, par exemple elle ne semble pas exister aux Pays Bas.
Après cette conférence, je pense que je ne mangerai plus « chinois » de la même manière. J’essayerai notamment de voir si je peux retrouver ce fameux équilibre entre les saveurs, les couleurs, les consistances.
Pour employer une expression culinaire cette conférence fut un véritable régal et j'emploie ce terme à dessein car ce qui dominait en écoutant Joël Bellassen, c'était autant le sentiment de nourrir nos connaissances que le plaisir de goûter à un exposé clair. Cette notion de plaisir qui nous semble si évidente et si importante quand on déguste un bon plat, elle n'est pas partagée par toutes les cultures, par exemple elle ne semble pas exister aux Pays Bas.
Après cette conférence, je pense que je ne mangerai plus « chinois » de la même manière. J’essayerai notamment de voir si je peux retrouver ce fameux équilibre entre les saveurs, les couleurs, les consistances.
Un
grand merci à Joël Bellassen qui nous a promis de revenir. Vivement la
prochaine conférence.
Jean-Louis
3 commentaires:
Un conférencier égal à lui même, toujours aussi captivant
Vivement la prochaine conférence
Nicole
Merci pour ce compte-rendu, j'ai regretté de ne pouvoir y assister même si mes obligations étaient fort agréables.
Bonjour ! M. Bellassen a défini deux grandes cuisines: la cuisine française et la cuisine chinoise comme deux systèmes qui peuvent prétendre avoir une culture ou un art complet, il me semble. Souvenez-vous ce qu'il a dit exactement ? Merci en avance de votre réponse !
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