dimanche 28 février 2016
mardi 16 février 2016
La lune et le saule
J’ai
souvent parlé dans ce blog ou ailleurs d’un livre qui m’a beaucoup marqué, je
veux parler de L’Ami qui venait de l’an
Mil de Claude Roy aux éditions Gallimard.
Les
premières pages où Claude Roy raconte ses promenades avec Lao She et avec Mei
Lanfang, un gentleman très courtoisement homosexuel, et où il évoque les dangers
de l’obscurantisme sont admirables et d’une brûlante actualité. Je vous y renvoie.
Je
voudrais en venir au moment où l’écrivain raconte comment il est entré en
amitié avec Su Dongpo. Claude Roy se promenait avec un ami, Lo Dakang, qui avait
autrefois vécu en France :
Le rire des enfants,
qui étaient venus en excursion du Kuandong à Hangchou, leur parler cantonnais
dont la sonorité est si différente du mandarin parlé au Nord, la gentillesse et
la curiosité de leur accueil, tout était cordial et léger. Nous oubliions la
nuit déjà là, en partageant le riz aux crevettes de nos nouveaux amis. Soudain,
je m’exclamai : « Lo, regardez ! la lune !!! On dirait qu’elle
est accrochée aux branches du grand saule… » « Comme une araignée … »
dit Lo Datang.
Il nous restait une
heure de marche ou davantage pour regagner notre gîte, et la lune se déprit
lentement du réseau des branches du saule pour monter au zénith. Nous habitâmes
jusqu’à notre arrivée une immense perle laiteuse, la lumière d’un jour à peine
plus timide que le jour véritable, une bulle de clarté irisée par l’humidité du
lac et des eaux avoisinantes …
Le
lendemain Lo Datang apporta à Claude Roy un choix de poèmes de Su Dongpo où se
trouvaient ces vers
Suspendue aux
tiges grande araignée qui danse
La lune est accrochée
aux branches d’un saule pleureur ….
C’est
ainsi que Claude Roy fit la connaissance de Su Dongpo.
Cette
image et ses variantes de la lune accrochée aux branches du saule ou de la lune
au dessus du saule (peu importe) on va
la retrouver de poèmes en poèmes dans la poésie chinoise. Comme le souligne
Martine Vallette-Hemery dans Les formes
du vent Des images neuves à l’origine
se retrouvent, légèrement modifiées, d’un texte à l’autre ; seul le
montage diffère et permet de mesurer la subtilité de l’allusion… Et ce qui doit être particulièrement intéressant pour le traducteur, comme pour le lecteur chinois, c'est d'appréhender l'écart différentiel (la subtilité de l'allusion) avec lequel est exprimé une même image dans des poèmes différents.
La
lune dans le saule a permis à Claude Roy de rencontrer Su Dongpo. Elle peut
nous conduire à des discussions passionnantes sur la traduction mais aussi sur
la notion de répétition à la base de l’enseignement, de la musique et de bien d’autres
choses.
Ces
discussions entre amis sont pour moi très importantes. Ce qui compte n’est pas
de savoir qui a raison mais à chaque fois de découvrir un pan de la culture.
Merci
à la lune de nous en offrir l’occasion. Elle s’achemine en ce moment vers sa
plénitude, symbole de la réunion des familles et des amis. Regardez la grandir….
Jean-Louis
dimanche 7 février 2016
新年快樂
Une très joyeuse année du Singe de feu à tous, qui nous apporte de nombreuses occasions de rencontres!
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