dimanche 22 février 2015
samedi 21 février 2015
Shanghai, ville cinéma
Dans
le cadre du jumelage Marseille/Shanghai, les bibliothèques des deux villes ont
échangé un certain nombre d’ouvrages. Shanghai vient ainsi de donner à la
bibliothèque de l’Alcazar plus de 700 livres qui seront au terme de deux ans
récupérés et gérés par Chinafi. Pendant ces deux années auront lieu à la
bibliothèque mais aussi dans des lieux comme le jardin chinois du parc Borely,
un certain nombre d’évènements centrés sur la culture chinoise. Cette opération
se nomme : « Fenêtre sur Shanghai » et nous assistons ce soir à
son lancement marqué par l’inauguration du fonds de livres qui est désormais à
la disposition du public et par une conférence sur le cinéma chinois donnée par
Luisa Prudentino et intitulée : « Shanghai, ville cinéma : cent
ans de représentation à l’écran ».
Luisa
Prudentino a, d’une manière très claire, résumé les grandes étapes historiques
de Shanghai « ville cinéma » dans le cinéma mondial et chinois. Cette
histoire débute dès le début du XX° siècle par l’engouement des cinéastes
américains et du public pour cette ville. Le simple fait de mettre le nom de
Shanghai dans le titre d’un film était la garantie d’attirer un public à la
recherche d’exotisme. Réciproquement, les cinéastes de Shanghai se sont passionnés
pour le cinéma occidental et l’on a vu des répliques chinoises des grands types
américains. Il y a eu, par exemple, un Charlot chinois. Cet âge d’or du cinéma
shanghaien se poursuit pendant les années 30. A la fin de cette décennie, le
cinéma est marqué par la guerre civile et le conflit avec le Japon et se tourne
vers des thèmes patriotiques. A partir de 1949 Shanghai va connaître une
éclipse dans l’histoire du cinéma, le nouveau pouvoir souhaitant éradiquer le
cinéma urbain. Cette éclipse va se transformer en véritable traversée du désert
pendant la révolution culturelle avec la volonté de Jiang Qing de régler ses
comptes avec les cinéastes qui n’avaient pas voulu d’elle. Cette traversée du
désert verra un terme à la fin des années 80 avec le retour des cinéastes américains
à Shanghai et notamment de Spielberg avec son film L’Empire du Soleil. Ce renouveau se poursuit de nos jours et
Shanghai est en passe de supplanter Hong Kong dans le monde du cinéma.
Comme
toujours, Luisa Prudentino ne s’est pas contentée d’évoquer les aspects historiques.
Elle a également su nous faire percevoir les problématiques auxquelles a été confrontée
l’image de Shanghai dans le cinéma. Dès l’apparition du cinéma, Shanghai a été
pris entre l’imaginaire et un souci de réalisme d’une part et d’autre part
entre l’image d’une ville à la réputation sulfureuse et un désir de réhabiliter
cette image.
La
Chine est certainement le pays qui a le plus fait fantasmer les Occidentaux comme
le montre Jonathan D. Spence dans son livre La Chine imaginaire. Et de toutes
les villes chinoises, Shanghai est certainement celle qui a le plus alimenté l’imaginaire
des cinéastes et du public. Ainsi Shanghai express (1932) avec Marlène Dietrich
qui reposait bien plus sur l’imagination que sur une étude sur le terrain
puisque son réalisateur Josef von Sternberg n’est jamais allé en Chine. Imaginaire
qui peut être fait de crainte comme avec Terreur à Shanghai, tourné en plein
maccarthysme ou au contraire d’admiration voir, par exemple, Comment Yukong déplaça les montagnes. On découvre
une image plus réaliste de la ville avec notamment, La Rose sauvage de Sun Yu qui
montre le clivage des classes sociales, avec L’Aube décrivant l’enfer urbain
que pouvait représenter Shanghai pour les ouvriers, avec le film de Spielberg
dont nous parlions plus haut. Les films des années 2000 nous montrent Shanghai
comme la vitrine de la Chine engagée dans la modernité : Welcome to
Shanghai, L’Etre et le néant ….Pour Luisa Prudentino, on assiste maintenant à
une réconciliation entre mythe et réalité.
Par
ailleurs, l’image de Shanghai-ville cinéma a toujours été prise entre une
réputation de ville sulfureuse et un désir de racheter cette réputation. Il
faut ici parler des extraits de film très bien choisis qui jalonnaient l’exposé.
On connait le thème de l’ascension de la montagne, fréquent dans les peintures
de paysage, qui symbolise un désir d’élévation spirituelle, d’accession à la
pureté. Dans les années 34/39 marquées par la guerre civile et l’invasion
japonaise, ce thème a été transposé à l’écran. Presque tous les films de l’époque
avaient le même générique : la caméra balayait les grattes ciel de haut en bas comme pour nous inviter à une
ascension et à retrouver la dignité perdue de Shanghai. La conférencière nous
en a montré un exemple fort impressionnant. Dans le même ordre d’idées, je
crois que certains films chinois ont tenté une transposition de la poésie à l’écran.
Voilà un thème qui serait extrêmement passionnant à explorer. Mais avant la
conférencière a promis de nous parler de l’image de la femme dans le cinéma chinois,
image qui, il faut bien le reconnaître, a nourri notre imaginaire.
Voilà
un bref aperçu d’une excellente conférence. Un grand merci à Luisa
Prudentino pour cette intervention et à Françoise pour en avoir facilité l’organisation
matérielle. Un grand merci aux villes et aux bibliothèques de Shanghai et
Marseille pour nous ouvrir pendant deux ans une fenêtre sur Shanghai.
Jean-Louis
jeudi 19 février 2015
大家新年快樂
Une chèvre en ombre chinoise pour débuter cette nouvelle année lunaire qui nous rassemblera demain pour la conférence
"Shanghaï, ville cinéma".
Une très bonne année à tous avec beaucoup de rencontres à venir!
mardi 17 février 2015
Joyeux anniversaire Françoise
Aujourd'hui nous fêtons l'anniversaire de Françoise. Des gâteaux, des cadeaux,une jolie banderole apportée par Nicole et une belle ambiance pour lui dire notre sympathie.
Nous connaissons tous le goût de Françoise pour le thé, goût qu'elle sait nous faire partager.
Alors pour elle et tous ceux qui apprécient le thé, un petit poème.
Premier jour du deuxième mois, dans la pluie et le froid
Les fenêtres sont toutes calfeutrées,
les portes bien fermées
la théière sur le feu, face au poêle je me réchauffe
qu'on ne balaye pas les flaques d'eau dans la cour
j'aime regarder les gouttes de pluie y faire des dessins
Yang Wan-li (1127-1206)
Joyeux anniversaire Françoise
Jean-Louis
samedi 14 février 2015
Jésus et Petite Rectrice des Ages
Dans
son XXI° Petit Traité, Pascal
Quignard rapproche deux scènes très éloignées dans l’espace et dans le temps,
mais qui ont ceci en commun de montrer deux personnages en train d’écrire sur
le sol. La première se situe dans le Temple de Jérusalem. Les scribes et les Pharisiens mènent auprès de Jésus une femme adultère. Celui-ci ignorant leurs criailleries
trace des signes d’écriture sur le sol. La seconde se passe dans le jardin où
se déroule le Rêve dans le Pavillon Rouge. Une petite actrice, Rectrice des
Ages, trace, elle aussi, des caractères d’écriture sur le sol.
J’aime
ces mises en perspective audacieuses qui ont le mérite de nous surprendre et
qui nous plonge au cœur des cultures chinoises et occidentales. Je ne m’attarderai
pas sur la première, pourtant une des plus belles de notre culture. Je renvoie
nos amis chinois qui, peut-être, ne la connaissent pas et qui sont désireux de découvrir notre culture, à l’Evangile selon Saint Jean, VIII où elle est
décrite.
Je
m’attarderai sur la seconde, peut-être moins connue des lecteurs français, car
elle met en évidence deux traits constants de la culture chinoise : le
déchiffrement et l’allusion ou si l’on préfère le déchiffrement de l’allusion.
Cette scène se trouve P. 684 de l’édition de la Pléiade du Rêve dans le Pavillon Rouge. En voici la description par Pascal Quignard. Le héros du roman, Baoyu, se promène dans le jardin dans la chaleur
suffocante de l’été. A l’approche d’une tonnelle de rosiers grimpants il
perçoit un léger bruit de sanglots que l’on cherche à étouffer. Il vient tout
près de la tonnelle et, sans qu’il soit vu, à travers le feuillage, il découvre
la petite actrice Rectrice des Ages accroupie et grattant sur le sol au moyen d’une
longue épingle de coiffure. Il croit tout d’abord qu’elle est occupée à
enterrer des pétales de fleurs. « Soudain il s’aperçut que ce n’était
nullement pour creuser la terre et y ensevelir des fleurs qu’elle grattait le
sol de son épingle, mais pour tracer des caractère d’écriture. Il suivit, trait
pour trait, les mouvements de l’épingle et en compta dix-sept pour un premier
caractère. Il reproduisit du bout du doigt dans le creux de sa main, dans le
même ordre et selon le même principe, les différents traits que venait de tracer l’épingle, pour essayer
de deviner le caractère que composait l’ensemble ». Baoyu trouve que la
petite actrice est en train d’écrire le premier des deux caractères qui
désignent l’espèce du rosier qui fleurit sur le feuillage de la tonnelle. Ce
faisant il n’associe pas ce nom à Fleur de Rosier dont la petite actrice est
amoureuse.
Que
nous montre cette scène ? Le héros en train d’essayer de déchiffrer des
caractères d’écriture en les traçant dans la paume de sa main, scène que l’on
peut voir couramment en Chine. La petite actrice faisant une allusion au nom de
son amoureux.
On
sait que selon la légende l’écriture chinoise serait née du déchiffrement des
traces laissées par les oiseaux sur le
sol par le héros civilisateur Cang Jie. D’une manière plus historique les
premiers caractères d’écriture chinois sont le résultat du déchiffrement des
oracles sur les carapaces de tortues. Les oracles ont disparu mais il en est
resté ce goût pour le déchiffrement. Le déchiffrement des oracles a laissé la
place au déchiffrement des petites énigmes constituées par des allusions à un
fonds commun. On trouve ces allusions par exemple dans les tablettes
calligraphiées qui ornent les jardins ou encore, dans la vie courante, par le goût
pour les citations qui sont des références à ce fonds commun dont nous parlions
plus haut.
Il
n’est peut-être pas inutile de rappeler ce que disait Jean Lévi dans les
cahiers du centre Marcel Granet au sujet du déchiffrement dans le Rêve dans le
Pavillon Rouge :
-
L’auteur
déchiffre le roman sur un roc. Son rôle se borne à le transmettre à ses
lecteurs.
-
Le
lecteur doit déchiffrer les multiples symboles contenus dans le roman qui, tel
l’univers, se présente comme un monde de signes à lire. .
-
Le
rapport amoureux dans le roman est lecture d’une intériorité qui ne livre son
authenticité qu’à travers des signes fallacieux, de sorte que la passion apparaît comme consubstantielle au geste de déchiffrement. Le vrai moi reste
une énigme ou plutôt s’exprime sur le mode de l’énigme. Il n’appelle pas une
introspection mais le déchiffrement par une autre subjectivité qui le
reconnait. On se donne à lire à l’autre, à telle enseigne que tout amant doit
se doubler d’un lecteur.
Voilà
cher lecteur. J’espère que mon article ne sera pas trop difficile à déchiffrer.
Jean-Louis
dimanche 8 février 2015
vendredi 6 février 2015
Shanghaï, ville-cinéma
Dans le cadre de Windows of Shanghaï, nous recevrons à nouveau Luisa Prudentino pour continuer notre découverte du cinéma chinois
Conférence Chinafi par Mme Luisa Prudentino
Marseille, Bibliothèque de l’Alcazar (salle de conférences),
vendredi 20 février à 17 h
Shanghaï, ville-cinéma :
cent ans de représentations à l’écranLuisa Prudentino (Docteur en langue et civilisation chinoises, spécialiste du cinéma chinois) analysera les dimensions historique, sociale et culturelle de la représentation de Shanghaï à l’écran – depuis les débuts du cinéma en Chine jusqu’à nos jours – et nous amènera à comprendre comment cette ville est devenue une icône dans le monde.
L'opération "Windows of Shanghaï" est organisée par la Bibliothèque de Marseille et Chinafi ; de nombreux événements se dérouleront pendant 2 ans.
mercredi 4 février 2015
Aube de neige
Qui
a transformé, autour du lac, en paravent de jade blanc,
Les
dix mille replis verts des montagnes en face de la salle du sud ?
Ivre
le vieillard, dans sa folie riant tout
seul,
Avec
sa canne en bambou dessine des caractères,
La
cour en est toute remplie
Lu
Yu
Aube de neige ce matin dans le Vaucluse
Le vieillard ivre
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