mercredi 29 octobre 2014
dimanche 26 octobre 2014
mardi 21 octobre 2014
Aux origines de la poésie chinoise et française
Poursuivant une lecture conjointe des poésies chinoises et françaises, je vous propose aujourd’hui d’en explorer les origines.
Les plus anciens poèmes chinois connus sont recueillis dans le Livre des odes, le Shi jing (詩經). La Séquence de Sainte Eulalie est le plus ancien poème en langue française (ou proto française).
J’en ferai une brève présentation en deux articles. Le premier sera consacré au recueil de poèmes chinois, le second au poème français.
Le Livre des odes est un recueil de 305 poèmes composés approximativement entre les IX° et IV° siècles avant J.C. Selon la tradition, Confucius serait intervenu dans le choix des poèmes Sous le patronage du Sage, le Shi jing est devenu un texte canonique, l’un des six Classiques. On y trouve des règles de conduite mais aussi des « leçons de choses » : par le Livre des odes on connaitra beaucoup de plantes et d’animaux.
Jacques Gernet indique que les plus anciens poèmes sont des hymnes de cérémonies rituelles telles que banquets ou rite du tir à l’arc. Ils étaient chantés à la cour des rois de Zhou avec un accompagnement de danse et de musique où dominaient les carillons de cloches et de pierres sonores. Les thèmes semblent être devenus plus variés aux VII° et VI° avec des odes dont l’inspiration paraît provenir des chants d’amour alternés de jeunes paysans et paysannes lors des fêtes de printemps.
Il est intéressant de noter que l’usage qui a été fait de ces textes antiques permet de cerner quelques uns des traits dominants de la culture chinoise :
- L’esprit rituel
- L’efficacité quasi magique des mots, des proverbes d’où découle le goût pour les citations
- Le jeu subtil et infini des allusions
D’où provient l’efficacité, le pouvoir quasi magique des rites, des caractères d’écriture, des textes canoniques ? Anne Cheng nous donne la réponse : ils sont la transcription humanisée des forces naturelles à l’œuvre dans l’univers.
Concernant les rites, elle nous rappelle qu’il y a une connivence des deux homophones LI (ordre naturel) et li (esprit rituel), ce dernier n’étant pas une grille apposée de l’extérieur à l’univers, mais la nervure même de l’univers qu’il s’agit de retrouver, de faire réapparaitre, de révéler au sens photographique du terme
Concernant les caractères d’écriture : Ils ont un lien originel avec la divination : ils épousent sans médiation les lignes naturelles de l’univers .
Il en va de même des textes canoniques : le texte, comme texture, se contente de faire apparaître les motifs fondamentaux de l’univers…Dans ce sens les Classiques représentent la trame de l’univers
Ils sont à l’image du Ciel et de la Terre, se modèlent sur les esprits et les divinités, participent de l’ordre des choses et règlent les affaires humaines (Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise P. 88).
Dans le même ordre d’idées Marcel Granet (La pensée chinoise). L’efficacité des poèmes du Shi jing provient du fait qu’ils correspondent exactement aux signaux que répète la nature en fête. On trouve dans le Livre des odes des principes de conduite visant à assurer l’harmonie de la société mais aussi l’harmonie des hommes avec la nature. Ces poèmes se soucient médiocrement des nouveautés d’expressions. Les mêmes images reviennent sans cesse se rapportant surtout aux périodes du printemps et de l’automne, époques où se tenaient de grandes fêtes ayant pour objet de renouveler l’accord entre les hommes et la nature. Hommes et choses, plantes et bêtes semblent unis par le désir d’obéir de concert à un ordre valable pour tous.
Le Shi Jing constitue un trésor d’exempla (Anne Cheng), un fonds commun de référence pour l’élite lettrée. Marcel Granet et François Jullien rappellent que dans l’Antiquité chinoise les entrevues diplomatiques prenaient la forme d’un échange de citations canoniques tirées du Livre des Odes. Ces citations permettaient de faire valoir allusivement un point de vue.
Je vous propose maintenant d’examiner un des poèmes du Shi jing
J’ai trouvé ce poème dans L’anthologie bilingue de la poésie chinoise classique de Maurice Coyaud paru dans l’excellente collection Les belles lettres.
Maurice Coyaud rappelle que de nombreux poèmes du Shi jing ont des vers de quatre pieds
Les pêchers
Pêcher touffu luxuriant
Aux fleurs brillantes
Cette enfant va se marier
Sera la joie du foyer
Pêcher touffu luxuriant
On croule sous les fruits
Cette enfant va se marier
Sera la joie du foyer
Pêcher touffu luxuriant
Ses feuilles abondent
Cette enfant va se marier
Sera la joie de la famille.
Il s’agit d’une chanson de mariage, l’idée du mariage est associée à celle de l’essor de la végétation, et, particulièrement, à la belle venue d’un jeune pêcher.
Ce poème est largement commenté par Marcel Granet dans Fêtes et chansons anciennes de la Chine, ouvrage auquel je renvoie.
Voilà, un très bref aperçu de ce que l’on peut dire sur le Livre des odes.
Quelques pistes de lecture pour ceux qui veulent aller plus loin :
- Marcel Granet : Fêtes et chansons anciennes de la Chine
- Marcel Granet : La pensée chinoise
- Anne Cheng : Histoire de la pensée chinoise (notamment chapitre 2)
- François Jullien : Le détour et l’accès
- Maurice Coyaud : L’anthologie bilingue de la poésie chinoise classique
- Jacques Gernet : Le monde chinois
Jean-Louis
samedi 18 octobre 2014
Opéra de Pékin à Marseille
Il y aura un spectacle d'opéra de Pékin "LA LÉGENDE DU SERPENT BLANC" à l'opéra de Marseille!
Dans le cadre du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine
La Compagnie Nationale de Chine d’Opéra de Pékin
Ambassadrice de la culture chinoise à travers le monde
présente :
La Légende du Serpent Blanc
Une production contemporaine et populaire basée sur une légende traditionnelle chinoise avec la troupe de comédiens, musiciens et chanteurs de la Compagnie Nationale de Chine d'Opéra de Pékin
Sous la forme de jeunes femmes magnifiques, le serpent Blanc et le serpent Bleu rencontrent un jeune homme du nom de Xu Xian. Le serpent Blanc reconnaît en lui l’enfant qui l’avait tant charmé autrefois. Inexorablement attirés l’un vers l’autre, ils finissent par se marier et vivent heureux. Jaloux de leur amour, le Moine Fahai du Temple de la Montagne d’Or, échafaude un plan pour séparer le couple. Sous l’emprise du Moine, Xu prépare un vin herbé. Après l’avoir bu, sa femme reprend sa forme de serpent et Xu meurt sous le choc de cette vision. Désespéré, le Serpent Blanc se rend à la Montagne Kunlun pour cueillir une herbe magique qui permettrait à son mari de ressusciter. Il perdra la vie dans cette entreprise. Après une série de péripéties, le mari et la femme seront finalement réunis sur le Pont Brisé.C'est une production contemporaine et populaire basée sur une légende traditionnelle chinoise avec la troupe de comédiens, musiciens et chanteurs de la Compagnie Nationale de Chine d'Opéra de Pékin.
Vendredi 24 Octobre 2014 > 20h00
Samedi 25 Octobre 2014 > 14h30
Infos et réservations sur le site de l'opéra de Marseille.
Merci à An Qier (Sylvie) qui nous a transmis cette info.
Dans le cadre du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine
La Compagnie Nationale de Chine d’Opéra de Pékin
Ambassadrice de la culture chinoise à travers le monde
présente :
La Légende du Serpent Blanc
Une production contemporaine et populaire basée sur une légende traditionnelle chinoise avec la troupe de comédiens, musiciens et chanteurs de la Compagnie Nationale de Chine d'Opéra de Pékin
Sous la forme de jeunes femmes magnifiques, le serpent Blanc et le serpent Bleu rencontrent un jeune homme du nom de Xu Xian. Le serpent Blanc reconnaît en lui l’enfant qui l’avait tant charmé autrefois. Inexorablement attirés l’un vers l’autre, ils finissent par se marier et vivent heureux. Jaloux de leur amour, le Moine Fahai du Temple de la Montagne d’Or, échafaude un plan pour séparer le couple. Sous l’emprise du Moine, Xu prépare un vin herbé. Après l’avoir bu, sa femme reprend sa forme de serpent et Xu meurt sous le choc de cette vision. Désespéré, le Serpent Blanc se rend à la Montagne Kunlun pour cueillir une herbe magique qui permettrait à son mari de ressusciter. Il perdra la vie dans cette entreprise. Après une série de péripéties, le mari et la femme seront finalement réunis sur le Pont Brisé.C'est une production contemporaine et populaire basée sur une légende traditionnelle chinoise avec la troupe de comédiens, musiciens et chanteurs de la Compagnie Nationale de Chine d'Opéra de Pékin.
Vendredi 24 Octobre 2014 > 20h00
Samedi 25 Octobre 2014 > 14h30
Infos et réservations sur le site de l'opéra de Marseille.
Merci à An Qier (Sylvie) qui nous a transmis cette info.
mardi 14 octobre 2014
dimanche 12 octobre 2014
jeudi 9 octobre 2014
Hommage aux travailleurs indochinois
Le 5 octobre 2014 eut lieu à Salin de Giraud une cérémonie très émouvante pour l’inauguration de la stèle érigée à la mémoire des 20 000 travailleurs indochinois venus en France en 1939, recrutés de force pour la plupart. En présence de plus de 400 personnes, descendants de ces travailleurs et sympathisants, les élus représentant les communes avoisinantes, le Conseil Général et le Conseil Régional ont tour à tour rendu un vibrant hommage à ces travailleurs. Les responsables de la filière rizicole ont reconnu leur apport décisif dans l’amélioration de la culture du riz qui auparavant n’était destinée qu’à l’alimentation animale. Le Ministre des Anciens Combattants, dans un message lu par le Sous- Préfet, reconnut officiellement que 20 000 travailleurs indochinois avaient été arrachés à leur terre natale, et estimait que l’hommage et la reconnaissance de la France devaient être à la hauteur du sacrifice de ces hommes
Yves
mardi 7 octobre 2014
dimanche 5 octobre 2014
La longue marche du cinéma chinois
Luisa
Prudentino nous a présenté ce samedi, dans l’auditorium de la Maison de la
Région, la longue marche du cinéma chinois. Comme son titre l’indique, cette
conférence était une introduction historique au cinéma chinois en Chine
continentale (Hong Kong et Taiwan occupant une place très importante dans le
cinéma de culture chinoise). Mais, et c’est ce qui faisait tout l’intérêt de
son intervention, Luisa Prudentino ne s’est pas contentée de dresser un exposé
événementiel. A chaque étape importante elle posait les questions dont les
réponses permettaient de cerner les spécificités du cinéma chinois.
Le
cinéma est né en 1895 avec le film La
sortie des usines Lumière. Ce film fut rapidement projeté en Chine et
seulement dix ans plus tard sortait le premier film chinois : La Montagne Dingjun. Pourquoi cette
affinité entre la culture chinoise et le cinéma ? Sans doute en raison de
la proximité trouvée par les Chinois entre cet art et l’opéra et aussi avec le
théâtre d’ombres, d’où son nom : 电影 (.diàn yǐng :
ombre électrique) Ce rapport étroit va influencer le contenu et le style du
cinéma chinois. On trouve ici une idée importante sur laquelle la conférencière
reviendra à plusieurs reprises : il n’y a pas de contradiction entre la
modernité et le respect de la tradition.
Ainsi
La Rose de Pushui (1927) est l’adaptation d’une célèbre pièce de
théâtre qui servit de trame à de nombreux opéras. Respect de la tradition donc
mais le film contient aussi un message moderne : « Il faut en finir
avec les mariages arrangés ». Le cinéma chinois emprunte à l’opéra mais
aussi à d’autres formes d’art autochtones. En 1928 sort L’Incendie du monastère du Lotus rouge, le premier film d’arts martiaux. La Chine a donc su assimiler cet art
nouveau venu de l’étranger qu’est le cinéma en le conjuguant avec ses formes
d’art traditionnelles que sont l’opéra et les arts martiaux.
Affiche du film La Rose de Pushui, entre tradition et modernité
On
retrouve cette proximité entre l’opéra et le cinéma même pendant les heures
sombres de la Révolution Culturelle. Lorsque Jiang Qing, l’épouse de Mao, veut
réformer le cinéma et le soumettre à l’idéologie, elle commanditera des films
qui empruntent la forme de l’opéra mais en vident le contenu pour les
transformer en produit de propagande. Luisa Prudentino introduit ici une remarque réconfortante. Jiang Qing aurait
voulu asservir l’art à l’idéologie. Mais si l’on fait abstraction du contenu
idéologique, ces « opéras modèles » sont souvent une réussite sur le
plan esthétique. L’art a donc fini par triompher même pendant la révolution culturelle ce qui explique qu’un cinéma d’auteur ait pu
réapparaitre dés le début des années 80.
Qu’en
est-il aujourd’hui du cinéma chinois ? Un essor sans précédent avec un
chiffre d’affaires de dix mille milliards de yuans dont la moitié issue de la
production domestique. Cependant
le cinéma d’auteur a un peu de mal à trouver une place, pris entre une censure
toujours présente et le goût du public pour un cinéma de divertissement.
Voici
très rapidement résumé un exposé très riche et très clair accompagné de
nombreux extraits de films souvent émouvants. Ainsi celui où l’on voit Ruan
Lingyu jouer le rôle d’une femme qui se prostitue pour échapper à la misère.
Ruan Lingyu, La divine
Center stage (1992) , Maggie Cheung interprète le personnage de Ruan Lingyu
Cette
conférence donne envie d’en savoir plus et de voir les films mentionnés. Luisa
Prudentino nous a dit pouvoir traiter encore de nombreux sujets concernant le
cinéma chinois. Souhaitons qu’elle puisse revenir. Un
grand merci à elle pour cette conférence passionnante. Un grand merci à
Françoise pour l’avoir organisée.
Jean-Louis
mercredi 1 octobre 2014
Rêves d'hiver
C’est bien connu, la meilleure façon d’apprendre est de partager ses connaissances. En partageant notre patrimoine culturel (paysage, chansons ….) avec nos jeunes amis chinois nous le découvrons.
Ainsi ce dimanche, j’ai découvert les beaux paysages que l’on peut admirer en allant au refuge de Roquefort La Bédoule, j’ai découvert le hameau de Roquefort et la fête des vendanges célébrée à l’occasion de la Saint Vincent. Il en va de même pour les chansons de la chorale. Je connaissais Belle Ile en Mer de Laurent Voulzy, mais je n’avais jamais fait vraiment attention aux belles paroles qui parlent d’isolement, de solitude et du racisme ordinaire.
Peut-être, notre blog peut-il compléter cette démarche en proposant de découvrir ou de redécouvrir quelques poèmes français et chinois. Bien sûr, il est plus facile pour nous Français d’apprécier les poèmes écrits dans notre langue. Il nous manque les références culturelles qui nous permettraient de ressentir à leur juste valeur les poèmes chinois. Il serait donc souhaitable de compléter ces quelques articles par des échanges plus approfondis. Peut-être un jour …Oremus.
Faisant suite à un précédent article, je vous propose aujourd’hui deux nouveaux poèmes sur le thème du rêve inspiré par l’être aimé. Le poème chinois est de Jiang Kui (1155-1221). Le poème français est d’Artur Rimbaud (1854-1891). Les deux poètes rêvent, dehors c'est l'hiver.
Le poème chinois
Ce poème a fait l’objet de très nombreuses analyses. Vous en trouverez une excellente en suivant le lien :
J’en cite un court extrait : « les deux quatrains marquent la rupture avec le sonnet traditionnel. Il s’agit d’un sonnet hétérométrique (alternance entre les alexandrins et les hexasyllabes) et les rimes sont croisées et non pas embrassées. Peut-être pouvons-nous y voir le désir de reproduire le mouvement saccadé d’un train ? »
Voici le poème :
Ainsi ce dimanche, j’ai découvert les beaux paysages que l’on peut admirer en allant au refuge de Roquefort La Bédoule, j’ai découvert le hameau de Roquefort et la fête des vendanges célébrée à l’occasion de la Saint Vincent. Il en va de même pour les chansons de la chorale. Je connaissais Belle Ile en Mer de Laurent Voulzy, mais je n’avais jamais fait vraiment attention aux belles paroles qui parlent d’isolement, de solitude et du racisme ordinaire.
Peut-être, notre blog peut-il compléter cette démarche en proposant de découvrir ou de redécouvrir quelques poèmes français et chinois. Bien sûr, il est plus facile pour nous Français d’apprécier les poèmes écrits dans notre langue. Il nous manque les références culturelles qui nous permettraient de ressentir à leur juste valeur les poèmes chinois. Il serait donc souhaitable de compléter ces quelques articles par des échanges plus approfondis. Peut-être un jour …Oremus.
Faisant suite à un précédent article, je vous propose aujourd’hui deux nouveaux poèmes sur le thème du rêve inspiré par l’être aimé. Le poème chinois est de Jiang Kui (1155-1221). Le poème français est d’Artur Rimbaud (1854-1891). Les deux poètes rêvent, dehors c'est l'hiver.
Le poème chinois
Un rêve à la fête des lanternes Sur l’air du « Ciel de perdrix » (1)
Un rêve à la fête des lanternes
Le fleuve coule à l’est sans trêve ;
Le flot n’emporte pas les graines d’amour semées
Dans nos cœurs.
Son visage paraissait vague dans mon rêve,
Mais le cri de l’oiseau m’a soudain réveillé,
Tout en pleurs.
Le printemps pas verdi
Mes cheveux déjà gris,
Séparés si longtemps
Nous ne sentons plus le chagrin intense.
Mais quand la fête vient an par an,
Chacun de nous sait ce que l’autre pense.
Le 15 du premier mois lunaire 1197, le poète rêva de sa bien-aimée dont il était séparé depuis 20 ans.
J’ai trouvé ce poème dans une anthologie de 300 poèmes chinois classiques parue aux Editions de l’Université de Pékin. Cette anthologie comporte malheureusement peu de commentaires.
Le poème français
Un train file dans l’hiver. Au dehors, le froid, la neige, la barbarie de la guerre (le poème a été écrit en 1870). A l’intérieur du wagon, un cocon douillet abrite les jeux amoureux de deux adolescents.
Claude Monet 1875
- Qui était Jiang Kui ?
- Quel est le symbole attaché à l’image du fleuve qui coule à l’est ?
- Que signifie "sur l’air du Ciel de perdrix" ?
- Et bien d’autres questions que j’aimerais poser…
Le poème français
Un train file dans l’hiver. Au dehors, le froid, la neige, la barbarie de la guerre (le poème a été écrit en 1870). A l’intérieur du wagon, un cocon douillet abrite les jeux amoureux de deux adolescents.
Ce poème a fait l’objet de très nombreuses analyses. Vous en trouverez une excellente en suivant le lien :
J’en cite un court extrait : « les deux quatrains marquent la rupture avec le sonnet traditionnel. Il s’agit d’un sonnet hétérométrique (alternance entre les alexandrins et les hexasyllabes) et les rimes sont croisées et non pas embrassées. Peut-être pouvons-nous y voir le désir de reproduire le mouvement saccadé d’un train ? »
Voici le poème :
Rêvé pour l'hiver
A... Elle
L'Hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...
A... Elle
L'Hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...
Arthur Rimbaud, Poésies Rêvé pour l’hiver (7 octobre 1870)
Ce poème me touche par la mise en perspective de l'intérieur et de l'extérieur et puis surtout
le deuxième quatrin :
Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
qui me rappelle l'attitude de ceux, qui comme moi, n'écoutent plus les informations pour ne pas entendre les atrocités déversées par les radios et la télé.Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Jean-Louis
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