mercredi 30 avril 2014
Claude chez les Miaos
Claude est si jolie que le directeur en personne a voulu poser sur la photo.
Nous étions toujours chez la filleule de Claude et on aperçoit en bas à gauche le sac de cadeaux offerts
Toutefois il fut assez difficile de faire sourire le petit trésor de la maisonnée qui comme on peut le voir ci dessous a apprécié le livre de mode, elle s'est empressée de faire ses propres modèles.
On attend impatiemment de ses nouvelles!!!
Nicole
Chez les Miaos
Nous sommes dans le Guan Xi près de Danian (encore des arméniens!!!) dans un village Miao.
J'admirais sans réserves la coiffure de la dame des lieux et spontanément elle me dit tout en se décoiffant : "qu'à cela ne tienne on va te coiffer aussi". Sur ce sa belle sœur me prête sa veste, une autre amène une jupe, une troisième des fleurs.
Ce fut trop sympa!! un grand moment!!
Si ça vous plait je peux vous raconter la métamorphose aussi géniale de Claude.
Mais avant je ne résiste pas à vous montrer "la dame des lieux" vraiment superbe
Nicole
J'admirais sans réserves la coiffure de la dame des lieux et spontanément elle me dit tout en se décoiffant : "qu'à cela ne tienne on va te coiffer aussi". Sur ce sa belle sœur me prête sa veste, une autre amène une jupe, une troisième des fleurs.
Ce fut trop sympa!! un grand moment!!
Si ça vous plait je peux vous raconter la métamorphose aussi géniale de Claude.
Mais avant je ne résiste pas à vous montrer "la dame des lieux" vraiment superbe
Nicole
lundi 21 avril 2014
"Connaître un texte par cœur, c’est l’avoir dans son cœur" : une approche holiste des textes
Jeudi dernier, lors de la conférence d’Anne Cheng, un auditeur a évoqué l’approche holiste (ou holistique, je crois qu’on dit les deux) de la pensée chinoise. Cette approche consiste à ne pas considérer un élément séparément mais à l’étudier dans ses relations avec la totalité à laquelle il appartient. L’exemple de la médecine chinoise est bien connu. Si une partie du corps est malade c’est le signe d’un dérèglement plus général et l’on soignera la partie malade dans ses relations avec la totalité du corps.
Dans son Histoire de la pensée chinoise, Anne Cheng nous montre que cette vision holiste concerne aussi l’approche chinoise des textes considérés dans leur rapport avec le lecteur. Un texte ne concerne pas le seul intellect, il s’adresse à la personne entière. Comment cela ? Je vais laisser le soin à Anne Cheng de l’expliquer.
Il m’a paru intéressant de mettre la citation d’Anne Cheng en relation avec une excellente préface à une anthologie de poèmes français. Dans cette préface, Hélène Fieschi invite, comme dans la tradition chinoise, à mémoriser les textes (ici des poèmes), à les assimiler, à les fréquenter pour s’en faire des amis. Ce texte est un peu long pour un message du blog. Mais j’ai préféré le citer dans son intégralité car il me semble qu’on lit beaucoup mieux les poèmes après l’avoir découvert.
Jean-Louis
Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise
La tradition chinoise aborde les textes davantage avec la « volonté d’approfondir un sens plutôt que de clarifier un concept ou un objet de pensée. Approfondir, c'est-à-dire laisser descendre toujours plus profond en soi, dans son existence, le sens d’une leçon (tirée de la fréquentation assidue des Classiques), d’un enseignement (prodigué par un maître), d’une expérience (du vécu personnel). C’est ainsi que sont utilisés les textes dans l’éducation chinoise : objets d’une pratique plus que d’une simple lecture, ils sont d’abord mémorisés, puis sans cesse approfondis par la fréquentation des commentaires, la discussion, la réflexion, la méditation. Témoignage de la parole vivante des maîtres, ils ne s’adressent pas au seul intellect, mais à la personne tout entière ; ils servent moins à ratiociner qu’ils ne sont à fréquenter, à pratiquer, et finalement à vivre. »
Hélène Fieschi, Préface à l’anthologie Poèmes à apprendre par coeur
« Par cœur …quelle belle expression pour dire ce travail de mémorisation…Connaître un texte par cœur, c’est en avoir pesé chaque mot, s’être interrogé sur chaque pause, chaque signe de ponctuation, chaque construction syntaxique. S’être mis à la place de l’écrivain qui compose et cherche l’expression la plus juste, la plus belle. C’est un peu réécrire le texte, se l’approprier, le digérer pour le faire sien, afin que de lui aucun secret ne nous échappe, qu’il coule de nous comme une conversation « naturelle », comme une évidence.
Pour apprendre, rien de tel que la répétition à l’infini, le martèlement …mais il arrive toujours qu’un passage soit immédiatement su, alors qu’un autre nous résiste, jusqu’à la fin parfois. Et alors qu’on croyait le texte appris, enfin, on achoppe encore sur un mot, une tournure où réside le mystère de l’expression, de l’œuvre d’art. Car il est bon que l’œuvre ne nous appartienne pas totalement, qu’elle nous reste toujours un peu étrangère, pour qu’elle continue à exercer sur nous une fascination intacte.
Connaître un texte par cœur, c’est l’avoir dans son cœur, dans sa tête…de sorte que, parfois, alors qu’on s’y attend le moins, il ressurgisse de notre mémoire une bribe de vers, une strophe qu’on croyait oubliées, mais qui étaient là, dormant, en nous, et que la vie a rappelées…
Mais attention ! Un poème appris ne l’est jamais définitivement, il faut le réapprendre, à l’infini, remettre l’ouvrage sur le métier, c’est une leçon d’humilité que cette mémoire nous impose, par sa possible défaillance.
Et pourquoi apprendre par cœur ? Pour avoir en soi, avec soi, des morceaux de musique qui chante à notre oreille, des morceaux précieux, travaillés, ciselés, par de grands artistes, des hommes qui ont passé des heures à peser des sons, des rythmes et des sens pour offrir aux lecteurs ces « perles de la pensée ». Pour qu’un jour, elles jaillissent en vous, (re) nées du hasard ou de la rencontre signifiante avec un moment qui vous appartient et qui, désormais, résonnera à jamais de façon autre …quand votre singulier rencontre l’universel du poème…
Apprendre par cœur, c’est aussi l’antichambre d’une autre histoire, d’une expérience qui se révèle féconde : la récitation, autrement dit la « mise en voix » du texte, le moment où, après l’avoir si parfaitement intériorisé, il va falloir l’expulser pour le communiquer aux autres, à un auditoire. C’est là que la poésie prend tout son sens, quand elle est prononcée, murmurée, ou criée, quand elle devient théâtre, chanson ou confidence, quand elle se parle et s’échange, quand l’inflexion d’une voix timide ou habitée redonne vie à des mots qu’on croyait morts à jamais et qui retrouvent soudain leur capacité originelle à nous émouvoir.
Apprendre des poèmes, c’est donc s’ouvrir aux autres et en apprendre sur soi, c’est aussi s’approprier un patrimoine culturel et littéraire, des poèmes que vos parents et même vos grands parents ont peut-être appris eux aussi ; mais il se peut aussi que vous soyez leur initiateur en les leur récitant, pourquoi pas ?
En tout état de cause, nous vous souhaitons à l’orée de cette lecture beaucoup de plaisir, un plaisir immédiat – celui que donne l’épreuve surmontée du texte résistant à la mémorisation – et surtout un plaisir différé, mystérieux, incommensurable : que ces mots germent en vous, vous irriguent et vous accompagnent tout au long de votre vie … »
vendredi 18 avril 2014
Anne Cheng au MUCEM
Le temple du Ciel à Pékin, le cercle et le carré
Deux sympathiques spectatrices fort attentives et ...réjouies
Arrivé un peu en avance devant le MUCEM, je retrouve avec joie plusieurs amis de Chinafi. Nous sommes venus écouter Anne Cheng qui intervient dans le cadre d’un cycle de conférences organisé par Tzvetan Todorov sur le thème « Civilisation et barbarie ».
Tzvetan Todorov a laissé carte blanche aux conférenciers et Anne Cheng nous a confié avoir trouvé l’angle d’attaque de son intervention la veille à minuit. Comment historiquement la Chine a-t-elle conçu sa place dans le monde ? Que signifie être civilisé pour la tradition chinoise ?
Depuis la plus haute antiquité la Chine se définit elle-même comme l’Empire du milieu, le pays qui se trouve au centre du monde. Son nom actuel, 中国 (Zhōng guó) signifie d’ailleurs Pays du milieu. S’aidant d’un tableau très intéressant de caractères chinois, Anne Cheng nous montre l’importance de la notion de Ciel : 天 (tiān). Dans la cosmogonie chinoise, le Ciel est représenté par un cercle et la Terre par un carré. Or ce qui se trouve sous le Ciel, c’est la Chine dirigée par l’Empereur, le fils du Ciel : 天子(tiān zǐ ) qui a reçu le mandat céleste et qui entretient avec les pays étrangers des rapports fondés sur le tribut (symbolisant leur soumission au centre). Jusqu’au milieu du XIX°siècle et l’intervention des puissances occidentales, la Chine s’est considérée comme le Monde, en tout cas le monde civilisé. En cela la Chine ne diffère pas des autres civilisations qui ont le plus souvent rejeté ceux qui étaient à leurs marges dans la barbarie.
Mais qu’est-ce qu’être civilisé pour la pensée chinoise classique ? C’est agir conformément aux rites. Etre civilisé ne dépend pas de l’appartenance à une ethnie, c’est une affaire culturelle. Un barbare qui suit les rites deviendra civilisé. En cela, comme l’a souligné Tzvetan Todorov, la notion chinoise de civilisation est une notion assimilatrice. Parler des rites c’est, bien entendu, évoquer Confucius. Anne Cheng a rappelé les fortunes diverses qu’a connues sa pensée : Progressivement devenue sous l’empire idéologie d’Etat, puis considérée comme un frein à la modernité par les tenants du mouvement du 4 mai 1919 et enfin comme l’ennemi à abattre par la Révolution culturelle, elle est aujourd’hui récupérée et instrumentalisée par les dirigeants de la Chine qui voudraient proposer une voie chinoise de développement. A ce propos, la conférencière s’est fortement inquiétée de la volonté hégémonique chinoise.
Je voudrais donner ici un avis personnel sur cette conférence. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt L’histoire de la pensée chinoise d’Anne Cheng. Je tiens de ce livre la plus grande partie de ce que je connais de la pensée chinoise. Dans l’introduction l’auteur dit avoir écrit ce livre dans « un esprit à la fois critique et sympathique (au sens étymologique) ». C’est ce que l’on ressent à la lecture de l’ouvrage et qui en fait à mes yeux la force. Or hier, Anne Cheng semblait n’avoir conservé que l’esprit critique vis-à-vis de la civilisation chinoise. On ne peut, bien sûr que condamner avec la conférencière les atteintes aux droits de l’Homme, le manque de démocratie, la censure, la répression des minorités et des mouvements sociaux. Néanmoins, si j’avais découvert la Chine à travers cette conférence, j’en serais reparti avec une image négative et la peur de la montée du « péril jaune ».
Heureusement, j’ai lu Anne Cheng, j’ai rencontré de nombreux Chinois, notamment des étudiants avec leur enthousiasme et leur soif d’apprendre, et je sais que le monde chinois, sa culture, sa civilisation sont porteurs de sens et constituent un objet passionnant d’étude. Anne Cheng a expliqué le caractère un peu manichéen de sa conférence par le manque de temps, le souci de clarté qui entraine parfois à des simplifications extrêmes. Peut-être aussi le sujet de la conférence était-il trop vaste et mal défini.
Toutefois, malgré ces réserves, ces conférences sont toujours l’occasion d’un brassage d’idées, d’entamer une réflexion et des discussions. Merci à Anne Cheng, à Tzvetan Todorov et aux responsables du MUCEM.
Jean-Louis
Deux sympathiques spectatrices fort attentives et ...réjouies
Arrivé un peu en avance devant le MUCEM, je retrouve avec joie plusieurs amis de Chinafi. Nous sommes venus écouter Anne Cheng qui intervient dans le cadre d’un cycle de conférences organisé par Tzvetan Todorov sur le thème « Civilisation et barbarie ».
Tzvetan Todorov a laissé carte blanche aux conférenciers et Anne Cheng nous a confié avoir trouvé l’angle d’attaque de son intervention la veille à minuit. Comment historiquement la Chine a-t-elle conçu sa place dans le monde ? Que signifie être civilisé pour la tradition chinoise ?
Depuis la plus haute antiquité la Chine se définit elle-même comme l’Empire du milieu, le pays qui se trouve au centre du monde. Son nom actuel, 中国 (Zhōng guó) signifie d’ailleurs Pays du milieu. S’aidant d’un tableau très intéressant de caractères chinois, Anne Cheng nous montre l’importance de la notion de Ciel : 天 (tiān). Dans la cosmogonie chinoise, le Ciel est représenté par un cercle et la Terre par un carré. Or ce qui se trouve sous le Ciel, c’est la Chine dirigée par l’Empereur, le fils du Ciel : 天子(tiān zǐ ) qui a reçu le mandat céleste et qui entretient avec les pays étrangers des rapports fondés sur le tribut (symbolisant leur soumission au centre). Jusqu’au milieu du XIX°siècle et l’intervention des puissances occidentales, la Chine s’est considérée comme le Monde, en tout cas le monde civilisé. En cela la Chine ne diffère pas des autres civilisations qui ont le plus souvent rejeté ceux qui étaient à leurs marges dans la barbarie.
Mais qu’est-ce qu’être civilisé pour la pensée chinoise classique ? C’est agir conformément aux rites. Etre civilisé ne dépend pas de l’appartenance à une ethnie, c’est une affaire culturelle. Un barbare qui suit les rites deviendra civilisé. En cela, comme l’a souligné Tzvetan Todorov, la notion chinoise de civilisation est une notion assimilatrice. Parler des rites c’est, bien entendu, évoquer Confucius. Anne Cheng a rappelé les fortunes diverses qu’a connues sa pensée : Progressivement devenue sous l’empire idéologie d’Etat, puis considérée comme un frein à la modernité par les tenants du mouvement du 4 mai 1919 et enfin comme l’ennemi à abattre par la Révolution culturelle, elle est aujourd’hui récupérée et instrumentalisée par les dirigeants de la Chine qui voudraient proposer une voie chinoise de développement. A ce propos, la conférencière s’est fortement inquiétée de la volonté hégémonique chinoise.
Je voudrais donner ici un avis personnel sur cette conférence. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt L’histoire de la pensée chinoise d’Anne Cheng. Je tiens de ce livre la plus grande partie de ce que je connais de la pensée chinoise. Dans l’introduction l’auteur dit avoir écrit ce livre dans « un esprit à la fois critique et sympathique (au sens étymologique) ». C’est ce que l’on ressent à la lecture de l’ouvrage et qui en fait à mes yeux la force. Or hier, Anne Cheng semblait n’avoir conservé que l’esprit critique vis-à-vis de la civilisation chinoise. On ne peut, bien sûr que condamner avec la conférencière les atteintes aux droits de l’Homme, le manque de démocratie, la censure, la répression des minorités et des mouvements sociaux. Néanmoins, si j’avais découvert la Chine à travers cette conférence, j’en serais reparti avec une image négative et la peur de la montée du « péril jaune ».
Heureusement, j’ai lu Anne Cheng, j’ai rencontré de nombreux Chinois, notamment des étudiants avec leur enthousiasme et leur soif d’apprendre, et je sais que le monde chinois, sa culture, sa civilisation sont porteurs de sens et constituent un objet passionnant d’étude. Anne Cheng a expliqué le caractère un peu manichéen de sa conférence par le manque de temps, le souci de clarté qui entraine parfois à des simplifications extrêmes. Peut-être aussi le sujet de la conférence était-il trop vaste et mal défini.
Toutefois, malgré ces réserves, ces conférences sont toujours l’occasion d’un brassage d’idées, d’entamer une réflexion et des discussions. Merci à Anne Cheng, à Tzvetan Todorov et aux responsables du MUCEM.
Jean-Louis
mercredi 16 avril 2014
Joyeux Anniversaire Jean Louis
Notre chorale, toujours égale à elle même, célébrait l'évènement. Qui plus que Jean Louis mérite au sein de Chinafi et encore plus au sein de ce blog qu'on lui souhaite " joyeux anniversaire" ?
dimanche 13 avril 2014
mardi 8 avril 2014
Van Gogh à Saint Paul de Mausole
La chambre de Van Gogh à Saint Paul de Mausole
A la suite de plusieurs crises liées à des troubles psychiques, Van Gogh est admis à la maison de santé de Saint Paul de Mausole en mai 1889. L’hôpital est installé dans un monastère de style roman qui doit son nom à la proximité du mausolée de Glanum. Ce monastère est situé dans un des plus beaux lieux de Provence, au pied des Alpilles, non loin des ruines romaines des Antiques et du village de Saint Rémy de Provence.
On peut visiter à Saint Paul de Mausole: le beau cloître roman classé, la reconstitution de la chambre d'hospitalisation de Van Gogh, la galerie d'Art Valetudo, le champ que Van Gogh contemplait de sa fenêtre et qu’il peignit à quatorze reprises, le parcours botanique, l'historique des soeurs de l'institut Saint Joseph qui œuvrent dans l'établissement depuis le 19ème siècle, les agrandissements des tableaux de Van Gogh peints en ces lieux.
On peut visiter à Saint Paul de Mausole: le beau cloître roman classé, la reconstitution de la chambre d'hospitalisation de Van Gogh, la galerie d'Art Valetudo, le champ que Van Gogh contemplait de sa fenêtre et qu’il peignit à quatorze reprises, le parcours botanique, l'historique des soeurs de l'institut Saint Joseph qui œuvrent dans l'établissement depuis le 19ème siècle, les agrandissements des tableaux de Van Gogh peints en ces lieux.
Plus
d’informations et de photos sur le site de Saint Paul de Mausole :
Pendant l’année de son séjour à Saint Paul, Van Gogh réalisa plus de 150 peintures ou dessins. Le peintre considérait son art comme « un paratonnerre pour sa maladie ». Cette idée est mise en application aujourd’hui dans l’institut Valetudo de Saint Paul qui a pour mission de soigner les personnes souffrant d’affections psychiatriques à l’aide d’ateliers d’art-thérapie.
J’ai choisi de vous présenter deux des œuvres les plus célèbres peintes par Van Gogh à Saint Paul de Mausole : Iris et La nuit étoilée.
Iris
Pendant les premiers temps de son séjour, Van Gogh ne peut sortir de l’ancien couvent. Le peintre s’attache alors à l'étude détaillée des moindres recoins du monastère, notamment du jardin. Il faut imaginer Van Gogh plantant son chevalet dans l’allée menant au cloitre. Les autres malades viennent le voir. Le peintre écrit : « Quand je travaille dans le jardin, ils viennent tous me regarder, et je vous assure qu'ils sont d’une discrétion et d’un savoir vivre - plus que les bonnes gens de la ville d'Arles ». Van Gogh arrive à Saint Paul au mois de mai. C’est la saison des iris qui, avec les tournesols, seront un des thèmes préférés de l’artiste. Les critiques voient dans ce tableau l’influence de la peinture japonaise, ukiyo-e, peinture du monde flottant. Ici les iris sont représentés en pleine terre. La scène est une symphonie de couleurs vibrantes avec les magnifiques pétales d'iris violets dominent le riche sol rouge et les soucis de couleur orange vif dans le fond. Monet disait « Comment un homme qui aimait les fleurs et la lumière à ce point et les rendait si bien a-t-il pu être aussi malheureux ? » Notez l’iris blanc sur la gauche du tableau. Il a donné lieu a bien des spéculations. Peut-être Van Gogh au milieu des autres pensionnaires ? Il est amusant de savoir que le peintre considérait ce tableau comme une esquisse alors que c’est maintenant une des toiles les plus reproduites dans le monde. Elle a atteint l’enchère la plus élevée de l’histoire (54 millions de dollars).
Dès son arrivée à Arles, le 8 février 1888, la représentation des "effets de nuit" constitue une préoccupation constante pour Van Gogh. Au cours de l'été 1888, alors qu’il se promène de nuit aux Saintes-Marie-de-la-mer, le peintre est attiré par le spectacle insolite des lumières des lampadaires qui se reflètent dans l’eau. Il a alors l’idée de peindre et représenter des paysages nocturnes juste éclairés par la lumière des étoiles et celle artificielle des lampadaires. La représentation de scènes nocturnes peut sembler paradoxale pour un peintre passionné de couleurs franches comme l’était Van Gogh. Il en donne la raison dans une lettre à sa sœur "Souvent, il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour"
Il réalise alors une série de tableaux de nuit La terrasse d'un café sur la place du forum à Arles, La nuit étoilée sur le Rhône et la fameuse Nuit étoilée peinte à Saint Paul présentée ici.
Au premier plan, sur la gauche, un cyprès s’élève comme une flamme et fait le lien entre la terre et le ciel.
Au second plan, au centre et à droite un petit village, Saint Rémy en Provence, un clocher, des habitations, des arbres et la colline des Alpilles.
Au troisième plan un beau ciel étoilé où les astres tourbillonnent.
On a parfois dit que cette œuvre était morbide et annonçait le suicide de Van Gogh. En fait ce que souhaite le peintre avec ces volutes et tourbillons c’est nous aspirer dans la nature comme lui-même se sent aspirer « jusqu’à l’extrême point où le vertige est inévitable » (lettre de Théo à Vincent) car il perçoit la force cosmique qui y réside.
En contemplant ce tableau on comprend la remarque de Van Gogh « la nuit, le ciel est « d’un bleu profond », les nuages « d’un bleu encore plus profond », les étoiles « sont claires et diamantées ». L’œuvre est censée représenter une vue de la chambre de l’artiste. Elle doit, en fait, beaucoup à son imagination. « Au lieu d'essayer de reproduire exactement ce que je vois devant moi, je me sert arbitrairement de la couleur pour m'exprimer avec plus de force. »
Ce faisant il ouvre la voie au fauvisme et à l’expressionnisme. (Voir par exemple, la proximité de cette œuvre avec Le Cri de E. Munch)
Cette toile a inspiré une pièce musicale au compositeur Henri Dutilleux : « Timbres, espaces et mouvement ou la nuit étoilée » créée en 1978 par Rostropovitch. Vous trouverez une analyse intéressante des rapports entre ce tableau et la pièce musicale dans le blog « musiquethomasmann » :
Je vous laisse apprécier cette pièce (en deux parties) à écouter en regardant les étoiles, musique qui traduit la sensation de vertige dont parlait Théo Van Gogh.
Jean-Louis
dimanche 6 avril 2014
Conférence d'Anne Cheng le 17 avril 2014 à 19h au Mucem de Marseille
Née sous le signe de l’entre-deux, de parents chinois dans la France d’après-guerre, Anne Cheng n’a eu de cesse de penser sa double appartenance, à travers l’enseignement et la recherche sur l’histoire intellectuelle chinoise.
Depuis l’Europe des Lumières, on s’est beaucoup occupé de « penser la Chine », quitte à fabriquer les représentations les plus contradictoires, entre la consensuelle « Chine philosophique » et le « despotisme oriental », aussi imprévisible qu’inquiétant.
Titulaire de la chaire d’« Histoire intellectuelle de la Chine et du monde sinisé » de l’Institut universitaire de France, elle a été élue en 2008 au Collège de France, où ses cours depuis l’année 2009 portent sur « Confucius revisité : textes anciens, discours nouveaux ». Sa traduction des Entretiens de Confucius (Paris, 1981 et 1992) et son Histoire de la pensée chinoise (Paris 1997) s’avèrent essentiels pour comprendre la Chine d’aujourd’hui.
Olivier
samedi 5 avril 2014
Van Gogh au pays des couleurs
Le verger en fleurs Vincent Van Gogh
Vincent
Van Gogh séjourna un peu plus de deux ans en Provence de février 1888 à mai 1890. Quinze mois à Arles et une
année dans la maison de soins de Saint Paul de Mausole, près de Saint Rémy. Pourquoi
Van Gogh est-il venu dans notre région ? Comme
beaucoup de peintres, il est venu chercher en Provence la lumière et la
couleur.
Arrivé à Arles le 22 février 1888 il découvre : « le pays des
tons bleus et des couleurs gaies » qui fait émerger dans la palette de l’artiste
les jaunes francs côtoyant les bleus profonds et les verts intenses. Il trouve aussi
le mistral qui influence sa peinture. Les arbres, les champs de blé oscillent,
se penchent, se tordent. Ce mouvement des choses s’accordent certainement à la
nature tourmentée de l’artiste. Il écrit à son frère Théo : « Je t'ai déjà dit que
j'ai toujours à lutter contre la mistral, qui empêche absolument d'être le
maître de sa touche. De là le « hagard » des études. ». Il parcourt à pied la
région et peint des paysages, des scènes de moissons et des portraits.
Tout n’est pas facile pourtant pendant son séjour provençal : le
manque de moyens matériels, une certaine hostilité de la population qui trouve cet
étranger venu du Nord trop différent. La « bonne société » lui est
fermée mais il sympathise notamment avec le facteur Roulin dont il peint plusieurs
portraits.
Van Gogh rêve de fonder une communauté d’artistes qui mettraient en
commun leurs expériences et leurs recherches. Il demande à Paul Gauguin qu’il
admire de venir le rejoindre. Mais les deux hommes s’entendent mal. Au cours
d’une crise, Van Gogh se tranche le lobe de l’oreille gauche. Les crises se
succédant il est admis le 8 mai 1889à Saint Paul de Mausole dirigé par le
docteur Peyron, un homme bienveillant. Il est d’abord placé sous stricte
surveillance sans qu’on le laisse sortir dehors. Dans cette situation, il dessine et peint d'abord tout naturellement les
motifs qui s'offrent à lui dans l'établissement même, - le jardin ou encore les
paysages aperçus de sa chambre et, comme personnage, un des principaux gardiens.
Il réinterprète également d’après des gravures ou des photographies des sujets
empruntés aux maîtres qui ont sa préférence. Plus tard, il sera autorisé à se
promener dans les alentours et à découvrir les Alpilles, un des plus beaux
lieux de Provence.
Le séjour provençal de Van Gogh malgré sa courte durée et la maladie fut
pourtant extrêmement fécond avec plus 400 œuvres produites.
Les œuvres de cette période sont caractérisées par :
-
L’explosion
des couleurs « J'y suis arrivé maintenant de parti pris de ne plus dessiner un
tableau au fusain. Cela ne sert à rien, il faut attaquer le dessin avec la
couleur même pour bien dessiner »
-
L’influence de la peinture japonaise. Durant
son séjour en Provence l’artiste retrouve de nombreuses références à l’art
japonais en peignant une série de toiles sur le thème des vergers en fleurs
inspirées des estampes japonaises.
-
La
représentation des paysages la nuit. Il peut sembler paradoxal qu’un artiste venu
à la recherche des couleurs souhaite peindre des scènes nocturnes. Il
l’explique dans une lettre à son frère : la nuit, le ciel est « d’un bleu profond »,
les nuages « d’un bleu encore plus profond », les étoiles sont
« claires et diamantées », la mer est d’un « outre-mer
très profond ».
Nous retrouverons ces préoccupations
artistiques dans deux tableaux peints à Saint Paul de Mausole qui figurent
parmi les chefs d’œuvre de l’art mondial : Iris et La nuit étoilée que
je vous propose d’examiner plus en détail dans un prochain article.
A suivre ...
A suivre ...
Jean-Louis
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