dimanche 24 novembre 2013
lundi 18 novembre 2013
Chanson du Yunnan
Lorsque nos amis de la chorale (promotion 2012-2013) sont rentrés en Chine nous nous sommes promis de rester en contact. Ils tiennent leur promesse et nous recevons de temps en temps de leurs nouvelles. Hier, Ludivine nous a transmis une magnifique chanson. Je pense qu'il était important de vous la faire partager car elle permet de découvrir par la même occasion une interprète exceptionnelle que, pour ma part, je ne connaissais pas : Gong Linna.
Ludivine ne reculant devant aucun effort nous a transmis les paroles et même les partitions pour nos talentueux musiciens.
Merci Ludivine,
Jean-Louis
"Bonjour,
Aujourd'hui je vous propose la chanson "Le ruisseau clair coule". c'est un chant floklorique du Yunnan interprétée par Gong Linna, Une excellente chanteuse chinoise qui combine la musique floklorique et la musique moderne .(Son mari Robert Zollitsch est Allemand.Il est aussi un musicien )
Je vous également envoie la partition de musique de cette chanson.Cordialement,
Ludivine
月亮出来亮汪汪 亮汪汪
yue liang chu lai liang wang wang, liang wang wang
想起我的阿哥在深山
xiang qi wo de a ge zai shen shan
哥像月亮天上走 天上走
ge xiang yue liang tian shang zou, tian shang zou
哥啊哥啊哥啊
ge a ge a ge a
山下小河淌水
shan xia xiao he tang shui
清悠悠
qing you you
月亮出来照半坡 照半坡
yue liang chu lai zhao ban po, zhao ban po
望见月亮想起我阿哥
wang jian yue liang xiang qi wo a ge
一阵清风吹上坡 吹上坡
yi zhen qing feng chui shang po, chui shang po
哥啊哥啊哥啊
ge a ge a ge a
你可听见阿妹
ni ke ting jian a mei
叫阿哥
jian a ge
Il marche au ciel comme la lune
La lune émerge, en éclairant la montagne.
Je pense à mon amoureux quand je regarde la lune.
Une légère brise passe.
Mon amoureux,mon amoureux,
Est-ce que tu m’entends ?
Je t ‘appelle dans mon cœur .
vendredi 15 novembre 2013
"Ailleurs, autrefois" versus "Ici, maintenant" ?
Françoise Héritier
écrit qu’à l’origine de sa vocation d’ethnologue il y a certainement une
préférence pour « l’ailleurs, autrefois » par rapport à « l’ici,
maintenant ».
L’étude de cet
« ailleurs, autrefois » qui peut sembler gratuit au premier abord ne
l’est pas s’il peut fournir des points
de comparaison, des ressemblances, des écarts, des repères, des interrogations,
un miroir permettant de mieux comprendre notre « ici, maintenant ». Pour comprendre, pour connaître ne faut-il pas des repères, des points de
comparaison ? La grandeur, la vitesse, par exemple, ne peuvent s’apprécier
que par rapport à une référence.
On se souvient que Joël
Bellassen, dans sa conférence, parlait de cet ailleurs, de ce dépaysement, de
cette distance offerts par la langue, l’écriture, la culture chinoises qui nous
permettent d’interroger ce qui nous semble évident dans notre culture.
Le dernier livre de Françoise Héritier s'intitule "Le goût des mots". Il m'a semblé intéressant de le lire en le mettant en relation avec quelques éléments de culture chinoise.Dès le titre, l'auteur introduit une correspondance entre les mots et les saveurs. Déjà Paul Claudel disait que les vers d'Aragon se sucent comme des bonbons. Comme le faisaient Rimbaud ou Baudelaire, Françoise Héritier montrent que ces correspondances peuvent s'étendre aux couleurs, aux sons, au toucher. Elles peuvent même concerner les valeurs morales et traduire la position d'une culture dans certains domaines.
L'ethnologue évoque, par
exemple, la notion de blanc associée dans notre culture à celle de pureté, de
virginité. Elle détaille une série d’associations liées à la notion de blancheur qui dénotent une certaine attitude
vis-à-vis de la sexualité :
-
propre versus sale
-
pur vs impur
-
limpide vs trouble
-
virginité vs exercice de la sexualité
-
transparent vs opaque. La vie d’une
jeune fille pure est transparente. Un diamant pur diffracte la lumière sans
ombre. Sinon il y a une impureté, un « crapaud » comme disent les
joaillers. Un crapaud est sale et gluant. C’est l’antonyme de la princesse et
du prince charmant de nos contes de fées.
Je me souviens, pour
avoir, participer à des noces de villages dans l’Isère combien ces notions d’impureté,
de « saleté » liées à la sexualité étaient présentes notamment à
travers des rites scatologiques.Or, on le sait, le blanc, en Chine, est la couleur du deuil. Il serait intéressant de savoir quelles associations d’idées conduisent à ce rapprochement, et d’une manière plus générale à quelles associations d’idées conduisent le fait de penser en chinois.
L’étudiante qui m’a transmis
les pictogrammes de l’article précédant m’écrivait, dans des termes très beaux, très poétiques une chose fort intéressante :
« la culture dongba est une sorte de nourriture ou de musique autour de
moi. Je la connais sans en avoir conscience.
Je vis dans une société naxi. Ne pensez vous pas que la culture est
quelque chose qui agit sur l’homme d’une manière invisible ? » On ne
saurait mieux décrire l’action d’une culture sur ses membres et la nécessité de
prendre du recul pour percevoir l’originalité de notions qui nous semblent naturelles et comme allant de soi parce qu'on les a assimilées avec l'air que l'on respire alors qu'elles sont le produit d'une éducation, d'une socialisation.
Plus loin, Françoise
Héritier évoque le goût des enfants, des poètes, son propre goût pour donner
créer un langage particulier, pour donner aux mots une acception différente de
celle communément admise. Cela suppose de savoir conserver aux mots une
certaine opacité, un certain secret à découvrir dans lesquels se glisse l’espace
du jeu que l’on peut avoir avec eux. « Trop de compréhension immédiate serait-il nuisible ? »
nous dit Françoise Héritier. Il semble que la langue chinoise refuse ce « trop
de compréhension immédiate » préférant conserver, comme nous l’a expliqué
Joël Bellassen, un certain flou : un caractère ne renvoyant pas à un sens
précis mais plutôt à une idée (voir compte rendu de la conférence).Nous lisons certainement tous les livres à travers nos propres références. Il me semble que quelques éléments de culture chinoise offre un prisme de lecture particulièrement riche. N’est- ce pas une bonne raison de s’y intéresser ?
Jean-Louis
Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France où elle a succédé à Claude Lévi-Strauss.
lundi 4 novembre 2013
Ecriture dongba
"Amour" en écriture dongba
Livre dongba
Les Naxi forment l'une des minorités chinoises. Au nombre d’environ 300 000, ils vivent aux confins du Yunnan, du Sichuan et du Tibet. Ils ont développé une culture très riche souvent appelée culture dongba (du nom de leurs prêtres) qui comporte des aspects religieux, une tradition littéraire et musicale, une langue et ce qui est plus rare une écriture.
L’écriture dongba est une écriture pictographique, probablement la dernière existante dans le monde. Elle comporte environ 2000 caractères permettant de transcrire certains aspects de la langue naxi.
Quelques pictogrammes m’ont été transmis par une étudiante en ethnologie de l’université de Kunming. Je trouve particulièrement sympathique le caractère signifiant « amour » que j’ai voulu vous faire partager.
Il est intéressant de noter que les Naxi de la région de Yongning ont une société matriarcale et matrilinéaire.
Seul un petit nombre de personnes peuvent encore comprendre cette écriture. La sauvegarde de ce patrimoine rare et non reproductible de l’humanité est devenu une priorité car comme l’écrivait Claude Lévi-Strauss : « les cultures indigènes se désintègrent plus vite que les corps radioactifs, et la lune, Mars et Vénus seront toujours à la même distance de la terre quand ce miroir que d’autres civilisations nous tendent se sera tellement éloigné de nos yeux qu’aucun instrument, si complexe et coûteux soit-il, dont nous pourrions disposer, ne nous permettra plus d’inspecter ni même d’apercevoir cette image de nous-mêmes, pour un temps offerte à notre regard et qui nous aura fuis à jamais. »
Jean-Louis
Livre dongba
Les Naxi forment l'une des minorités chinoises. Au nombre d’environ 300 000, ils vivent aux confins du Yunnan, du Sichuan et du Tibet. Ils ont développé une culture très riche souvent appelée culture dongba (du nom de leurs prêtres) qui comporte des aspects religieux, une tradition littéraire et musicale, une langue et ce qui est plus rare une écriture.
L’écriture dongba est une écriture pictographique, probablement la dernière existante dans le monde. Elle comporte environ 2000 caractères permettant de transcrire certains aspects de la langue naxi.
Quelques pictogrammes m’ont été transmis par une étudiante en ethnologie de l’université de Kunming. Je trouve particulièrement sympathique le caractère signifiant « amour » que j’ai voulu vous faire partager.
Il est intéressant de noter que les Naxi de la région de Yongning ont une société matriarcale et matrilinéaire.
Seul un petit nombre de personnes peuvent encore comprendre cette écriture. La sauvegarde de ce patrimoine rare et non reproductible de l’humanité est devenu une priorité car comme l’écrivait Claude Lévi-Strauss : « les cultures indigènes se désintègrent plus vite que les corps radioactifs, et la lune, Mars et Vénus seront toujours à la même distance de la terre quand ce miroir que d’autres civilisations nous tendent se sera tellement éloigné de nos yeux qu’aucun instrument, si complexe et coûteux soit-il, dont nous pourrions disposer, ne nous permettra plus d’inspecter ni même d’apercevoir cette image de nous-mêmes, pour un temps offerte à notre regard et qui nous aura fuis à jamais. »
Jean-Louis
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