Présentation
Chengdu, aujourd' hui. L'usine 420 et sa cité ouvrière modèle disparaissent pour laisser place à un complexe d'appartements de luxe : 24 City. Trois générations, huit personnages : anciens ouvriers, nouveaux riches chinois, entre nostalgie du socialisme passé pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes, leur histoire est l'Histoire de la Chine.
La critique [evene]
le 25 Mai 2008 par Jean-Nicolas Berniche
Après avoir évoqué l’engloutissement d’une ville dans ‘Still Life’, Jia Zhang-Ke observe les effets de la disparition de la cité ouvrière de l’usine 420 au profit de la construction d’un parc d’appartements de luxe, ’24 City’. Désireux de « revenir au langage », le cinéaste utilise la forme du (faux) documentaire. Il interroge d’anciens ouvriers et des habitants de la cité pour livrer de manière brute les sentiments de chacun. Dans son souci de donner une place prépondérante aux mots, Jia Zhang-Ke est obligé de mêler aux véritables témoignages ceux d’acteurs et d’actrices. A l’écran, la différence saute aux yeux : aux paroles confuses et prolixes d’ouvriers succède le discours sans faute et sensible des comédiens. C’est l’ambivalence de ’24 City’ : pour faire passer sa propre vision des mutations de la Chine, le cinéaste est contraint d’utiliser un procédé artificiel. Mais parce qu’il le fait bien, et parce que le déroulement du film est somptueux - Jia Zhang-Ke n’a rien perdu de son don pour métamorphoser l’image la plus banale en leçon de cadrage -, la démarche artistique de ’24 City’ ne peine pas à convaincre de sa noblesse, se faisant finalement aussi forte et évocatrice qu’un documentaire accumulant images d’archives et explications.
(Casting
Jia Zhang-ke
(Réalisation) Jay Chou
Tao Zhao
Informations
Titre original : Er shi si cheng
Durée : 1 h 47
Actualités & [anecdotes]
INTERVIEW DE JIA ZHANG-KE
Des mots pour une histoire
Présenté en compétition à Cannes, '24 City' revient sur l'histoire d'une usine militaire chinoise et de sa cité ouvrière. Etrange documentaire, sur le fond comme sur la forme, il reflète l'évolution du cinéaste Jia Zhang-Ke. Explications.
Fiction documentaire
Le film est composé de récits de fiction autour de trois femmes et de témoignage de cinq ouvriers qui font part de leurs souvenirs. L'histoire est simultanément construite par les faits et par l'imagination.
Critique du communisme
Le réalisateur cherche à comprendre l'expérience socialiste qui dure depuis plus de cent ans et affecte le destin du peuple chinois.
Télérama - Samuel Douhaire (21 mars 2009)
Tous les témoignages (.. .) sont filmés frontalement, dans la durée. Une austérité revendiquée par le cinéaste (.. .). Cette aridité filmique pourra rebuter, notamment dans la première partie. Mais Jia Zhang-ke n'a besoin que d'un plan - le nuage de poussière libéré par l'effondrement d'un hangar qui envahit progressivement l'image - pour rappeler qu'il est l'un des plus grands plasticiens du cinéma.
Les Inrockuptibles - Serge Kaganski (17 mars 2009)
Le facétieux Jia a mélangé personnes réelles et comédiens, sans que l'on soit capable de vraiment les distinguer en cours de visionnage. Le cinéaste prouve ainsi en actes que la frontière entre documentaire et fiction est bien mince et que les deux genres peuvent aboutir à une même vérité cinématographique, à une même puissance émotionnelle.
Teknikart - J.W (18 mai 2008)
Son retour à Cannes, six ans après 'Plaisirs inconnus', s'effectue pourtant avec le film le moins fascinant de son auteur : un presque-faux-documentaire sur le remplacement d'un complexe industriel militaire par un ensemble d'immeubles de luxe.
Le Monde - Jean-Luc Douin (19 mai 2008)
Tout l'art de Jia Zhangke est de garder trace de ce qui s'efface.