mercredi 31 mars 2010

Quand Lévi-Strauss se trompait...


Chu Ta, Le Voyageur solitaire, Metropolitan Museum NYC

Le peintre à dos de mulet
Entre pas à pas
Dans le paysage de son tableau
Ping Hsin citée par François Cheng


Dernièrement, je relisais Regarder, Ecouter, Lire, un des derniers livres de Lévi-Strauss. On y trouve de très belles pages sur la musique, sur la Recherche du temps perdu qu’on aimerait citer en entier tant elles donnent à penser.
Pourtant je relevais, ce qui m’a semblé être une assimilation hâtive entre la peinture occidentale et la peinture chinoise.
Voici le passage :
« Que le suprême talent, pour l’artiste, soit d’imiter la réalité à s’y méprendre, c’est pourtant là un lieu commun du jugement esthétique qui, même chez nous jusqu’à une époque récente, a longtemps prévalu. Pour célébrer leurs peintres, les Grecs accumulaient les anecdotes : raisins peints que venaient picorer les oiseaux, mages de chevaux que leurs congénères crient vivants, rideau qu’un rival demandait à l’auteur de soulever pour pouvoir contempler le tableau dissimulé derrière. La légende fait crédit à Giotto, à Rembrandt, du même genre de prouesse. Sur leurs peintres fameux, la Chine, le Japon racontent des histoires très voisines : chevaux peints qui, la nuit, quittent le tableau pour aller paître, dragon s’envolant dans les airs quand l’artiste ajoute le dernier détail qui manquait ».

Il est exact que l’histoire de la peinture chinoise fourmille d’anecdotes de ce type : c’est un peintre qui trouve refuge dans son tableau, c’est un dragon qui s’envole lorsque l’artiste ajoute les pupilles qui lui manquait. Mais si le peintre peut trouver refuge dans son tableau ce n’est pas parce qu’il a peint un paysage ressemblant à la réalité comme ont pu le faire les artistes occidentaux cités par Lévi-Strauss. C’est parce que, pour les Chinois, sa peinture a recréé un monde réel.
Selon Wang Wei (701-761), la peinture n’est pas une image : elle est le réel (in La culture du Shanshui de Yolaine Escande). Et Pierre Ryckmans dans Ses commentaires sur les propos de Shitao « La peinture n’est pas un décalque, un démarquage du monde mais une réalité parallèle au monde… ».
La peinture chinoise ne se veut donc pas une imitation du réel, mais une recréation du réel. Pour mieux le comprendre, il faut rapprocher cette conception de la peinture de la conception chinoise de l’écriture dont on sait qu’elles sont très proches.
Anne Cheng dans son Histoire de la pensée chinoise écrit à propos de l’écriture chinoise : « D’origine divinatoire, elle est accréditée de pouvoirs magiques associés plus généralement à tout signe visible.
Au lieu de s’appuyer sur constructions conceptuelles, les penseurs chinois partent des signes écrits eux-mêmes. Loin d’être une concaténation d’éléments phonétiques en soi dépourvus de signification, chacun d’eux constitue une entité porteuse de sens et se perçoit comme « une chose parmi les choses » Cela est si vrai que lorsque, par exemple, il manque du bois dans le thème astrologique d’un enfant ses parents on coutume de lui donner un nom contenant l’élément bois. Le caractère d’écriture peut se substituer à l’élément manquant car il est aussi réel que la chose nommée.

Voilà. Mais il faut être prudent. Je ne sais si mes remarques sont judicieuses. Si Lévi-Strauss était encore là, peut-être lui aurais je fais part de les doutes, et sans doute m’eut-il répondu comme il le faisait lorsqu’on lui écrivait.
Jean-Louis

lundi 22 mars 2010

Inscriptions closes pour l'activité VELORAIL

Rendez vous
à 10h30 à Marseille (Métro La Rose)
ou
à 11 heures à Aix (office du tourisme)


Notre prochaine rencontre aura lieu le 4 avril prochain, étant donné que ce sera le dimanche de Pâques nous allons bien nous amuser : cacher les oeufs puis les trouver et enfin les déguster.
Puis nous nous rendrons à la gare du Vélorail de Pourcieux pour une bonne partie de rigolade c'est sûr.

Le lieu de Pique Nique : entre Trets et St Maximin à 8 km après Trets après la bifurcation sur Pourcieux.
Nous déjeunerons près des voitures.
Espérons que le beau temps sera au rendez vous


VIVE L'AMITIE
VIVE CHINAFI

Nicole

dimanche 21 mars 2010

Une balade ...Qu'est ce que c'est ?



Voici un petit dialogue très amusant extrait de l’admirable roman de Pearl Buck : Vent d’Est, vent d’Ouest.
Une jeune femme chinoise demande à son frère ce qu’a bien pu aller faire son frère avec son épouse américaine.
- Ils ont été faire ce que les Occidentaux appellent une balade, m’a-t-il répondu.
- Qu’est ce que c’est ? Fis-je extrêmement intriguée.
- Une longue et rapide promenade vers un point éloigné. Aujourd’hui ils ont gravi la montagne Pourpre.
- Pourquoi donc ?
- Ils considèrent cela comme un plaisir me dit-il
C’est bizarre ! Ici, même une fille de ferme trouverait dur de marcher si longtemps.


Et bien je peux vous dire que les choses ont changées. Et je crois que nos amies chinoises ont été contentes de la balade d’aujourd’hui, même si certaines étaient un peu fatiguées à l’arrivée, transformant ma voiture, au retour, en palais de la belle au bois dormant. Nous n’avons pas gravi la montagne Pourpre, mais la montagne blanche sous la conduite de notre guide et ami Jean-Marc Galiano, accompagné de Sandra, la charmante photographe du Conseil Général.
Le printemps était au rendez vous avec ses violettes et ses arbres en fleurs.
Comme d’habitude, Jean-Marc nous a fait découvrir la faune et la flore et aujourd’hui un peu de paléontologie. Il nous a, par exemple, montré l’os d’une seiche appartenant à une espèce aujourd’hui disparue. La déesse de l’amour revenant d’un bal donné par Cupidon cette nuit a perdu ses souliers, près de la chapelle Saint André que nous avons visité. Jean-Marc nous a enseigné que l’on pouvait manger les sabots de Vénus.
Comme d’hab, nous avons partagé le pain, le riz …et le vin.

Puis ce fut la salutation au soleil. Nous avons aussi chanté le printemps, le soleil, la lune et la vie en rose. Nous avons même essayé d’entonner l’hymne chinafien, mais sans le Maître ce fut un fiasco.
Nous avons pensé à ceux qui n’ont pas pu être là pour des raisons diverses, partis vers des iles lointaines, par exemple.
Comme d’hab, nous nous sommes quittés avec un petit pincement au cœur. A la prochaine …
Jean-Louis

samedi 20 mars 2010

Le hulusi et le crâne de Confucius

Une vie agréable dans la gourde, peinture de Tessai, Japon


Mais quel rapport y a t-il donc entre le hulusi, ce bel instrument de musique que nous connaissons bien grâce à notre cher Olivier et le crâne de Confucius ?
Pour le comprendre, il nous faut plonger dans les plus anciennes légendes de la Chine, du Vietnam, du Japon. C’est ce que nous invite à faire Rolf Stein dans son livre : Le Monde en petit paru aux éditions Flammarion.

Cet ouvrage contient un chapitre intitulé : « Le monde, un vase en forme de gourde». On y trouve un ensemble de thèmes, d’images, tous associés à celui de la gourde, qui nous permettent de plonger dans l’imaginaire de l’Extrême Orient. Dans le cadre du présent article, je ne peux que les effleurer. Je renvoie à l’ouvrage cité pour avoir le plaisir de lire un exposé plus détaillé.
- Le thème des grottes, tout d’abord, dont on connait l’importance comme lieux de retraite ou espaces religieux (grottes des Mille Bouddha, par exemple). Les grottes constituent un monde paradisiaque à part dont l’accès est difficile. On y entre par la porte étroite. Ce sont des vases clos, au goulot étroit en forme de gourde. C’est comme un Ciel, un monde parfait à l’intérieur d’une gourde. C’est pourquoi on l’appelle Ciel-Gourde.
- Le thème du vase « hou », reproduction de l’ancien récipient fait d’une calebasse (superposition de deux sphères). Ces vases étaient de forme carrée avec un goulot rond ou de forme ronde avec un goulot carré. Ils étaient donc particulièrement appelés à figurer un monde car, dans l’ancienne représentation chinoise, la Terre est carrée et le Ciel est rond.
- Le thème de l’immortalité. A la fin des Tcheou (je conserve la transcrption adoptée par Stein), l’une des Iles des Bienheureux Immortels, monde clos, complet, était représentée comme un vase hou flottant sur la mer.
- Le thème des rencontres amoureuses et du Shanshui. Le Ciel-Gourde qui a toutes les caractéristiques d’un lieu saint car il contient montagnes et eau est le lieu des rencontres printanières entre garçons et files. On sait depuis Marcel Granet l’énorme importance de ces fêtes de printemps aux chants alternés et aux joutes sexuelles entre garçons et filles dans la Chine ancienne. Selon Rolf Stein, ces coutumes seraient toujours vivantes au Vietnam.

Mais venons en au crâne de ce cher Confucius. Su Dongpo demeurait dans un domaine appelé Tch’eou-tche. Ce nom avait du prestige car c’est celui d’un site célèbre et extraordinaire. La montagne Tch’eou-tche est située au Kan-sou. Elle porte à son sommet un lac entouré d’une plaine bornée des quatre côtés par de hautes parois. Ce site est remarquable du fait qu’il communique avec le Ciel-Grotte et qu’il est associé à l’ile montagne P’eng_hou, l’ile séjour des immortels dont nous avons parlé plus haut (vase hou – P’eng – lai). Mais le prestige de ce lieu tient surtout au fait qu’il présente exactement la configuration du crâne de Confucius, dont Etiemble nous dit qu’il était relevé sur les bords et creux au centre, rappelant le cirque de la montagne Ni-k’ieou-chan où sa mère fit un pèlerinage, grâce à quoi elle conçut Confucius qui tire d’ailleurs son nom personnel, Tchong-ni, de cette circonstance. Dans son Confucius, Jean Lévi fait un récit assez extraordinaire de la conception du Maître.


Le mont Tch’eou-tche rappelle donc un lieu saint particulièrement typique, un de ces sites où, dans le cadre d’un mont et d’une cavité d’eau, se tenaient les fêtes printanières où se rencontraient garçons et filles et « dont on concevait qu’elles étaient destinées à obtenir la pluie et les enfants ».

Monde en miniature, art des jardins, Confucius voilà des liens étranges et bien intéressants que nous développerons sans doute.

Mais c’est, aujourd’hui, le printemps. Faute de pouvoir participer à ces fêtes mystérieuses qui existent peut-être encore, nous pourrons rêver, ce soir, à ces rencontres où, très certainement, le hulusi accompagnait les danses des jeunes gens et des jeunes filles en évoquant les bambous au clair de lune.
Jean-Louis

vendredi 19 mars 2010

MERCI JACQUES

C'est au travers d'un excellent film réalisé par notre ami Jacques (époux de Françoise) que j'ai pu revivre notre soirée du 13 juin dernier.
Après un concert au piano dans la sublime abbaye de St Pons nous avons fêté l'anniversaire de Wei Yi avec Michel à l'harmonica.
Puis nous avons chanté (on y met de l'enthousiasme mais le résultat est assez médiocre...) et surtout nous avons pu apprécié Olivier au Hu Lu Si .
Si tu désires voir ce film je peux te le prêter mais comme il est précieux je ne pourrais que te le prêter.
Au fait, ce qui est sympa c'est de tous se voir en tenue d'été et puis aussi de voir notre ami Lu Jia.
A bon entendeur, salut!

Nicole

samedi 13 mars 2010

Nouvelle collection

Voici la copie de la page d'accueil du site des Belles Lettres :

Bibliothèque Chinoise

" Cette collection est née d'un rêve, celui de tous ceux qui, connaissant la fameuse collection des « Budé » grecs et latins, se sont pris à rêver d'un équivalent pour d'autres langues anciennes : pourquoi pas le chinois ! Elle est aussi née d'une rencontre celle qui a eu lieu en 2007 entre les Éditions Les Belles Lettres – Caroline Noirot et Marie-José d'Hoop –, et deux sinologues – Anne Cheng, professeur au Collège de France, et Marc Kalinowski, directeur d'études à l'EPHE.

L'idée a ainsi germé d'une collection permettant de publier des textes rédigés en chinois classique en édition bilingue, avec texte original et traduction en regard, qui pourront couvrir tous les genres (philosophie, histoire, littérature, poésie, etc.) et toutes les époques, de l'Antiquité à l'ère prémoderne. Le domaine chinois ne sera pas le seul concerné, mais aussi les domaines coréen, japonais, vietnamien – en somme, toutes les aires culturelles qui ont pratiqué le chinois classique comme langue commune aux lettrés, un peu à la manière dont les clercs de l'Europe, du Moyen Âge jusqu'aux Lumières, se sont servi du latin comme lingua franca.

Ce projet, qui a déjà été accueilli avec enthousiasme par de nombreux collègues, se propose de faire entrer les sources en chinois dans les humanités classiques, de les rendre accessibles à l'honnête homme, mais aussi à l'étudiant ou à quiconque s'intéresse de près ou de loin aux cultures d'Extrême-Orient et, en fin de compte, de les faire sortir de leur irréductible altérité."

Anne Cheng
Marc Kalinowski

Vidéos

Titres



mercredi 10 mars 2010

Dimanche 21 mars : chapelle st André


C'est à nouveau dimanche 21 mars 2010 que nous pourrons nous retrouver pour boire à nouveau les paroles de notre guide attitré : Jean Marc.
RV à 8h30 au métro LA ROSE à Marseille ou à l'office du tourisme d'Aix en Provence
ou encore à 9h30 devant l'auberge du col de l'ange entre Gèmenos et Cuges les Pins.
Nous allons dans un premier temps nous diriger vers les crètes de la Bedoule puis visite de la chapelle St André puis 2 belles surprises, sous réserve.
nous effectuerons à pied une jolie boucle sans difficultés majeures.
Comme d'habitude pique nique dans un sac à dos et bonnes chaussures et en ++++++ il va faire BEAU !!!!
Alors n'hésite pas on va passer une superbe journée .
Nicole

mardi 9 mars 2010

Information VIDEO souvenir..

Bonjour à tous ! Si vous souhaitez revivre ou découvrir certains bons moments de nos sorties chinafiennes, je vous invite - via facebook - à aller consulter ma page à la rubrique "vidéos"...
Bonne visite....Annie

lundi 8 mars 2010

Massages traditionnels chinois à Marseille


Une amie chinoise - que certains ont pu rencontrer à Chinafi - vient d'ouvrir un

Centre traditionnel chinois de bien-être

Elle y pratique des massages chinois aux effets relaxants et dynamisants, basés sur les principes de circulation de l'énergie.
Je me permets de la recommander car je pense que c'est vraiment sérieux et professionnel et qu'elle a reçu une formation authentique.

Rong Shu


8 Rue Emile Pollak 13006 Marseille (prox. Cours Pierre Puget)

0033(0)491312206

site :
http://rong-shu.webnode.com/

Ouvert du lundi au samedi, de 10 h 30 à 19 h (avec ou sans rendez-vous)

Françoise



dimanche 7 mars 2010

Matteo Ricci, le bonus

Pour répondre à quelques demandes et pour combler des lacunes, voici :

la bibliographie indicative de la conférence :

Générale :

- Anne CHENG, Histoire de la pensée chinoise, Seuil,1997

Conférences au Collège de France, 2009-2010 (podcast)

- Jacques GERNET, Le Monde chinois, Armand Colin, 1999

- Ivan KAMENAROVIC, La Chine classique, Les Belles Lettres, 1999

- Jonathan D. SPENCE, La Chine imaginaire, Presses Université de Montréal, 2000

- Nicolas ZUFFEREY, Introduction à la pensée chinoise, Hachette, 2008

- Erik ZURCHER, Bouddhisme, christianisme et société chinoise, Julliard, 1990.

A propos de Matteo Ricci :

- AN HUO, Lettres à Matteo Ricci, Bayard, 2010

- Jacques BESINEAU, Matteo Ricci, serviteur du Maître du Ciel, DDB, 2003

- René ETIEMBLE, Les Jésuites en Chine, Julliard, 1966

- Michel MASSON, éd., Matteo Ricci, un Jésuite en Chine, Fac. jésuites de Paris, 2010

Quelques liens :

www.matteo-ricci.org

www.institutricci.org

www.jesuites.com

Quelques citations :

Benoît Vermander : « Le long cheminement de Matteo Ricci nous le rappelle : il n’y a pas de raccourci à la rencontre »

Matteo Ricci in : Traité de l’amitié (trad. Philippe Che) :

« Si mon amitié ne vous sert de rien, c’est que nous ne sommes vous et moi que deux flatteurs. »

« Comment puis-je être ami avec autrui si je ne puis être ami avec moi-même ? »

« Mon ami n’est autre que la moitié de moi-même, aussi dois-je le considérer tout comme moi-même. »

Matteo Ricci dans une lettre de 1596 à un ami :

«Je crois que nous n'ouvrirons plus d'église, mais une maison à prêcher et nous dirons la messe en privé dans une autre chapelle, quoique la salle où nous recevons les visites puisse servir à cet effet pour le moment, car on prêche davantage et avec plus de fruit par des conversations que par des sermons.»

Matteo Ricci à sa hiérarchie, il y a quatre siècles :

"Je me suis appliqué à la langue chinoise et j'assure Votre Révérence que c'est une autre chose que le grec ou l'allemand (...) La langue parlée est sujette à tant d'équivoques que beaucoup de sons signifient plus de mille choses et parfois il n'y a d'autre différence entre l'une et l'autre que de prononcer le son avec la voix plus élevée ou plus basse en quatre espèces de tons. C'est pourquoi, parfois, quand ils parlent entre eux, ils écrivent pour faire comprendre ce qu'ils veulent dire, car les choses sont différentes par l'écriture l'une de l'autre.

Quant aux caractères, c'est une chose à laquelle on ne peut croire si on ne l'a pas vu ou expérimenté comme je l'ai fait. Il y a autant de lettres que de paroles et de choses (...) Leur manière d'écrire est plutôt une manière de peindre et c'est pourquoi ils écrivent avec un pinceau comme nos peintres. Il en découle cette utilité que toutes les nations qui ont cette écriture peuvent se comprendre au moyen des lettres et des livres bien que leurs langues soient très différentes."

Li Zhi (1527-1602) :

« J'ai bien reçu vos questions au sujet de Li Xitai 利西太 (Ricci). Xitai est un homme des régions du grand Occident qui a parcouru plus de 100 000 li pour venir en Chine [...] Maintenant, il est parfaitement capable de parler notre langue, d'écrire nos caractères d'écriture et de se conformer à nos usages de bienséance. C'est un homme tout à fait remarquable. Extrêmement raffiné en lui-même, il est des plus simples dans son extérieur. Dans une assemblée bruyante et confuse de plusieurs dizaines de personnes où les répliques partent de tous côtés, les disputes auxquelles il assiste ne peuvent le troubler en rien. Parmi toutes les personnes que j'ai vues, il n'a pas son pareil[…]Mais je ne sais trop ce qu'il est venu faire ici. Cela fait déjà trois fois que je l'ai rencontré et je ne sais toujours pas ce qu'il est venu faire ici. Je pense que s'il voulait substituer ses propres enseignements à ceux du duc de Zhou et de Confucius, cela serait par trop stupide. Ce ne doit donc pas être cela. »

Françoise

Ce à quoi vous avez échappé... mais ce n'est que partie remise!

Voici ce que vous auriez pu voir si le temps l'avait permis :
D'abord, comme nous étions en avance, même complétement à côté de la plaque mais nous ne le savions pas encore, nous avons décidé d'un arrêt bar et plus... et avons trouvé à Pourcieux un bar exceptionnel puisque sans toilettes !



Avant de rebrousser chemin, nous sommes quand même allés voir le terrain d'aventures, d'abord la gare :



puis les vélos rail :


Pour la suite, merci à Fleur et Guy, ce fut une journée sympathique comme toujours.

Françoise

Une fois n'est pas coutume...


Pour une fois, les conditions météo n’étaient pas favorables et nous n’avons pas pu faire du vélo rail. Mais ce n’est que partie remise, au 4 avril si j’ai bien compris.
Ce qu’il y a de bien avec Chinafi, c’est que même lorsque nous devons changer nos plans, les sorties sont toujours une réussite et aujourd’hui nous le devons à l’hospitalité de Fleur et Guy qui nous ont accueillis chez eux.

Un peu de gymnastique pour se mettre en bouche, puis un repas sur une immense table (enfin immense pour un Français)où nous avons partagé nos victuailles. La pluie nous a fait rentrer, mais nous n’avons pas perdu au change puisque Guy nous a régalés de ses succès repris tous en chœur par l’assemblée. Fleur, très en forme, nous a fait danser. Certaines m’ont même confié, en rentrant, que c’était la première fois qu’elles dansaient. Pendant une éclaircie, Françoise a donné une leçon de Tai Chi à ceux qui le souhaitaient.

Et puis nous nous sommes quittés, un peu vite peut-être. Mais les meilleures choses ont une fin. Mais nous nous revoyons le 21 mars…
Jean-Louis

Du vélorail...à Ventabren !!

http//www.kizoa.fr/diaporama/d734201kP39241693o2/chinafi-ventabren

La météo nous l'avait annoncé : le "principe de précaution" a été appliqué d'où l'annulation du vélorail..
Qu'à cela ne tienne , chez Chinafi on s'adapte !...Ainsi sur une initiative de Nicole, Fleur et Guy nous ont très gentiment accueilli chez eux...Après avoir longuement salué le soleil sur les conseils de Dan, nous avons pu - dans le jardin- partager notre repas ,jusqu'à ce que la pluie nous en déloge....
Qu'à cela ne tienne ! La salle à manger fut rapidement transformée en "salle de concert" où chacun put exprimer ses qualités vocales sous la direction de Guy...
Mais Fleur- très en forme - brûlait d'envie de danser!...
Qu'à cela ne tienne, on poussa la table et le "baletti" commença....
J'oubliais ! ..Entretemps,Françoise dispensait un cours de Tai Chi, sur la pelouse fraîchement arrosée...Beaucoup d'adeptes, mais vraiment le temps ne s'y prêtait pas...On "remettra" cela une autre fois..
Ce fut donc, encore une fois et malgré les caprices du temps, un très bon moment de partage et de convivialité..D'ailleurs, les vidéos téléchargées sur Facebook en témoignent...
Alors n'hésitez pas à aller les conculter et Encore Merci à tous et principalement à Fleur et Guy!!

jeudi 4 mars 2010

Flot de traductions


Le mardi, avant d’aller aux répétitions de notre chère chorale (répétitions qui, en ce moment, consistent à déguster les bonnes pâtisseries de Christiane et de Xiao Yang) je vais, en général, faire un tour dans ce temple marseillais de la culture : la bibliothèque de l’Alcazar.
Mardi dernier, j’étais au troisième étage dans le rayon « philosophie », à la recherche de livres sur Confucius en vue de préparer une prochaine conférence que nous avons prévu de faire avec Françoise. Soudain sur le rayon des revues, je repère un exemplaire récent de La Pensée , une revue marxiste où figurait un article de mon ancien professeur de philosophie, Lucien Sève. L’objet de cet article était : l’évolution des traductions de Marx. L’auteur soutenait la thèse que les traductions de Marx dépendent du contexte historique et idéologique dans lequel elles sont faites. Par exemple, un spécialiste de la pensée marxiste reconnaitra si une traduction a été faite avant ou après les travaux de Louis Althusser qui, ceux qui ont connu mai 68 s’en souviennent, a été une des figures emblématiques de l’époque. Althusser avait une lecture "structuraliste" de Marx. Mais nous étions alors en pleine vogue du structuralisme.
Cet article rejoignait une des préoccupations que j’ai tenté d’exposer dans ma conférence : on projette toujours dans une rencontre, une lecture, une traduction ses présupposés intellectuels et moraux.
J’allais en avoir une illustration supplémentaire en commençant la lecture du Confucius de Jean Lévi paru aux éditions Albin Michel, 2003.
L’auteur juxtapose différentes traductions du fameux passage des Entretiens où Confucius jette un regard en arrière sur sa vie au soir de celle-ci. Pour ne pas faire trop long dans cet article, je me bornerai à citer quelques unes des traductions de la quatrième ligne : « A cinquante ans … ».
Voici la première. Elle est du Père Séraphin Couvreur, un jésuite !!!
« A cinquante ans, je connaissais les lois de la Providence »

La seconde est d’Anne Cheng dans une traduction publiée en 1981
« A cinquante ans, je connaissais les décrets du Ciel »

La troisième est de Léon Vandermeersch :
« A cinquante ans, je compris le mandat du Ciel »

On le voit, ces traductions sont très proches. Anne Cheng et Léon Vandermeersch ont seulement remplacé la notion chrétienne de « lois de la Providence » par les notions plus « chinoises » de « décrets » ou de « mandat » du Ciel. Ces traductions ont pour point commun de décrire une progression de Confucius vers la Connaissance.

Jean Lévi propose une autre traduction qui, au lieu de décrire une progression dans la connaissance, montre plutôt une prise de conscience par le Maître de ses limites :
« A cinquante ans, je connus mon lot ».
Anne Cheng, dans sa leçon inaugurale au Collège de France le 11 décembre 2008, donne une nouvelle traduction qui se rapproche de celle de Jean Lévi :
« A cinquante ans, je savais à quoi j’étais destiné »

On le voit, ces traductions induisent une lecture assez différente. Dans les trois premières on voit un Sage progressant sur le chemin de la connaissance, dans les deux dernières ont observe un homme prenant conscience de ses limites, de son lot.

Quels enseignements tirer de ce qui précède ?
- Une leçon d’optimisme. Sans doute, mais avec prudence. Car si la connaissance progresse nous avons-nous aussi nos mythes. C’est seulement le manque de recul qui nous empêche de les reconnaître comme tels. Et certainement, la vision actuelle, présentée comme objective sera un jour dépassée et remise en cause.
- Une leçon de pessimisme. La connaissance est impossible. Certainement pas. La connaissance est faite de toutes ces approches successives. C’est au lecteur de choisir. Mais encore faut-il lui en laisser le choix en lui présentant les différentes interprétations possibles.
- Plutôt me semble t-il une leçon de modestie. Il est, à cet égard, intéressant de voir comment, à vingt sept ans de distance, Anne Cheng "revisite" sa traduction des Entretiens. Je rêve de débats où les intervenants ne diraient pas voici la vérité, mais voici mon interprétation, allez vite voir ce que dit le voisin.

Au fait, comment nos ami(e)s chinois(e)s traduiraient-ils cette quatrième phrase « a cinquante ans … » ?
Jean-Louis